jeudi 16 mai 2013

SHIKOKU : LA FOLLE ACCELERATION JUSQU'AU TEMPLE N° 33

Et nous voilà repartis sur les routes de Kochi. Il n'est pas rare qu'on croise ce type de panneau indiquant la direction à prendre pour se sauver dans la montagne si une alerte au tsunami retentit et on ne sait pas trop si on doit être rassurés ou pas...

 
Pour se rendre au Temple n° 33, le "Shikoku Japan 88 Route Guide" préconise de traverser la baie de Kochi avec un bateau réservé aux piétons et aux deux roues sinon il faut effectuer un énorme détour afin de prendre le pont qu'empruntent les voitures. Sauf qu'il n'y a qu'un traversier par heure et qu'il nous faut accélerer un fameux coup afin de l'attraper ! On a environ 6 km à parcourir sur le bitume d'un pas rapide : nos pieds et notre moral en prennent un coup... A peine le temps de s'arrêter pour photographier Kenji devant son école.
 
 
 
Et on n'est pas les seuls à galoper afin d'avoir ce bateau (cf. le pélerin au sac à dos jaune qui nous devance depuis ce matin) sauf que pour nous une surprise nous attend à l'embarcadère : le papa de Kenji qui habite non loin de là est venu nous amener des gâteaux (boshi pan : pain sucré en forme de chapeau ; la recette de cette spécialité locale serait née un jour où un pâtissier a raté la confection de ses melon pan) et du jus de yuzu (délicieux agrume japonais proche du citron). C'est notre 2e osettai de la journée (voir sujet précédent sur le Temple n° 32) et c'est vraiment très gentil de sa part. Une touchante mais brève rencontre avant d'embarquer pour une petite dizaine de minutes de bateau nous évitant un gros détour.
 
 
 
 
 
 
 
Après avoir soufflé quelques instants sur le traversier en dégustant les gâteaux et le jus du papa de Kenji, nous mettons pied à terre et marchons encore 2 km afin d'atteindre le Temple n° 33 : Sekkei-ji (chemin enneigé). Nous sommes arrivés à temps pour la calligraphie - les bureaux des temples ferment à 17h - mais cette folle accélération pour avoir le bateau nous a épuisés. Trop tard de toute façon pour continuer jusqu'au 34 (ce qui demanderait encore 6 km de marche). Nous décidons d'être raisonnables pour ce premier jour et prenons un taxi pour rejoindre le ryokan (auberge traditionnelle) où nous passerons la nuit. Ceci fera l'objet du prochain "testé pour vous".
 
 
 

SHIKOKU : TEMPLE N° 32 ET PREMIER OSETTAI A KOCHI

Nous quittons l'agréable jardin du Temple n° 31 en direction du 32. Au programme : environ 6 km de paysages et terrains variés, des légères pentes rocheuses aux rizières de la vallée. Toujours nous cherchons les fameuses flèches avec le profil du pélerin balisant le parcours (souvenez-vous de ma gallerie de photos : Shikoku : le fléchage). Sur le bord de la route, nous croisons une statue de Kukai avec laquelle pose notre guide Kenji.

 
 
 
 
 
 
 
Dans certains jardins flottent encore au vent des vestiges de la fête des enfants (jour férié le 5 mai au Japon). Cette journée qui leur souhaite santé et bonheur est entourée de nombreux rites et symboles dont celui de la carpe représentant énergie, force, persévérance et capacité à surmonter les obstacles de la vie. C'est pour cela qu'on voit un peu partout dans la campagne que nous traversons des manches à air koi nobori (bannière carpe). A noter que cette fête était initialement dédiée uniquement aux garçons et qu'elle a donc son pendant féminin : hina matsuri (fête des poupées) le 3 mars. Clin d'oeil à Elodie et à sa petite Hina d'ailleurs... ;o)
 
Quand ça grimpe, je ne suis pas la plus rapide mais les autres m'attendent (sur qui pourraient-ils faire des blagues avec des frites s'ils perdaient leur petite Belge...) et les pauses nous permettent d'observer des curiosités de la nature comme ces énormes feuilles non identifiées en bordure de chemin. A noter un autocollant de fléchage qu'on n'avait pas croisé l'an passé mais qui est assez représentatif : le soleil brille et ça monte.
 
 
 
 
 
 
Nous arrivons au Temple n° 32 nommé Zenjibu-ji (pic du moine) où les pêcheurs viennent prier pour que tout se passe bien sur l'eau et que la récolte de poissons soit bonne. Près de l'endroit où se fait la calligraphie sont généreusement mis à disposition des marcheurs des boissons (eau, thé froid, thé chaud, etc.) et des biscuits pour reprendre des forces. C'est notre premier osettai - coutume qui consiste à encourager le pélerin par une offrande - de l'année. Et pas le dernier ! (contrairement à l'an passé où nous avions une seule fois reçu à boire : lire Shikoku : Temples n° 4 et 5, les pseudos-pélerins sont de sortie)
 
 
 
 
Nous nous enfilons encore quelques marches afin d'atteindre le point de vue un peu plus haut. Là nous attend entre autres un tanuki (chien viverrin, souvent confondu avec le blaireau ou le raton laveur), figure traditionnelle du folklore japonais. Il s'agit d'un esprit de la forêt (yokai) polymorphe détenant des pouvoirs magiques et quasi toujours représenté avec un chapeau et un ventre bien rond qu'il utilise comme tambour. Symbole de chance et prospérité, ce personnage mythologique est assez passionnant à découvrir. Il apparaît encore à l'heure actuelle dans de nombreux mangas, jeux vidéos, films, etc. Je vous invite à faire quelques recherches sur lui afin d'en savoir plus (par exemple cette page en anglais ou cette page en français). Vous apprendrez ainsi qu'il ne porte habituellement pas de slip... ;o)
 
 
 
 

SHIKOKU : TEMPLE N° 31 ET RESTO PANORAMIQUE

Comme vous l'avez vu dans le billet précédent, on accélère parfois un peu le mouvement en louant des vélos. Il faut dire que les kilomètres de bitume en pleine ville au milieu de la circulation n'ont rien de drôle et ce n'est pas vraiment ce qu'on recherche. Donc pour s'éloigner un peu plus vite du centre-ville, nous grimpons pour quelques arrêts dans un petit tram très coloré. En fait, ils sont tous très décorés comme vous le constaterez sur la photo d'un autre tram croisé à l'arrêt où nous descendons.

 
 
 
 
Notre nouvel objectif est d'atteindre le haut du Mont Godaisan (photo ci-dessus) sur lequel est situé le prochain temple. Alors on traverse le pont et on monte, on monte, on monte... Le soleil cogne, on cherche la moindre zone d'ombre.
 
 
 
 
Après environ 5 km de marche depuis notre descente du tram, nous arrivons au sommet du Mont Godaisan où se trouve une terrasse permettant d'embrasser l'ensemble du paysage. Il ne faut pas avoir le vertige !
 
 
 
 
 
Kenji nous annonçant qu'on ne va pas croiser beaucoup d'endroits pour manger dans la suite de l'étape du jour, nous décidons de profiter du restaurant panoramique situé juste sous la terrasse : tous les sièges sont tournés vers la vallée et on mange en admirant la vue. Un très agréable endroit ! Et la salade de pâtes froides aux tomates, herbes et crevettes me redonne des forces. Evidemment, je profite de ce temps de midi pour poser mes habituelles questions à Kenji (comment traduit-on le nom du temple, comment s'écrit le nom du plat qu'on nous sert, etc.) afin de compléter mon carnet de bord... et plus tard ce blog. [Papa, note la présence du stylo Emile&cie sur une photo : tous les courageux marcheurs en ont reçu un, je fais ta pub !]
 
 
 
 
 
 
 
Nous serions bien restés pour la sieste mais un bon bout de chemin nous attend encore aujourd'hui. A commencer par la visite du Temple n° 31 non loin de là : Chikurin-ji (bois de bambou). A l'origine (en 724), sa pagode n'avait que 3 étages mais un typhon l'a dévastée en 1899 et elle en compte à présent 5 depuis sa reconstruction en 1980. Les iris à l'entrée du site sont magnifiques. Comme le reste du jardin d'ailleurs. Nous nous y baladons un instant, recueillons notre calligraphie et repartons sur les routes.