dimanche 4 mai 2014

TESTE POUR VOUS : REPAS DES MOINES ET NUIT AU MONT KOYA

Le terme exact pour la nuit au Mont Koya est shukubo : s'il ne s'agissait à la base que d'un toit au-dessus de la tête du pèlerin de passage, il fait aujourd'hui référence à tous les monastères bouddhistes qui accueillent les visiteurs pour la nuit et bien souvent aussi pour le traditionnel repas végétarien en début de soirée et la cérémonie religieuse le lendemain matin. Autrement le Japon nous a réservé une nuit au Temple Fugen-in et il faut admettre qu'il y a pire comme logement... ;o)



En attente de la répartition des chambres
Côté pile
Côté face(s)
Bien installée dans mon coin
En effet, si la cuisine dans les temples n'était à la base qu'une humble ration monastique, elle s'est transformée au fil du temps en un véritable art culinaire végétarien recherché : le shojin ryori. Après avoir enfilé notre yukata (kimono léger) et sa veste, nous suivons le bonze qui nous emmène dans la salle du repas où nous attendent déjà nos plateaux.





J'ai parlé plus tôt d'art végétarien mais il s'agit carrément d'un repas végétalien vu qu'il n'y a ni viande, ni poisson, ni même oeufs. Je serais incapable de vous nommer les différents mets dégustés : légumes sous mille et une formes, riz, tofu, soupe, thé, etc. ainsi que deux quartiers d'orange en dessert. Vous voyez également sur le plan rapproché que nous avons reçu un bracelet de la part des moines. C'est fin, c'est sain, on n'accroche pas avec chaque préparation mais l'important est de tout goûter. Et ça ne peut pas nous faire de tort. 

Après ce repas, un bain est à notre disposition. Pas de wifi sous l'alcôve mais j'avance dans mes notes et ma compilation de documentation pour publier sur le blog plus tard dans la semaine.  


Le lendemain matin, c'est à 6h que je dois être debout si je veux assister à la cérémonie bouddhique otsutome : rien d'obligatoire mais, vu qu'on est là, autant découvrir ce service qui a lieu chaque matin tôt et au cours duquel grand prêtre et moines entonnent des sutras. Après la cérémonie, un bonze nous emmène voir la relique du Bouddha : nous logeons en effet dans le seul des temples du Mont Koya a en détenir une (comme l'explique Kenji, c'est une "édition limitée" puisque seuls 80.000 temples bouddhistes de par le monde en possèdent une).

Après ce début de matinée dans la méditation et le repos de l'esprit, c'est de notre estomac qu'il faut s'occuper. Le petit déjeuner est servi... mais a du mal à passer chez certains vu qu'il s'agit de nouveau d'un plateau végétarien :


Enfin, nous nous mettons en route à 8h (comme chaque matin) et avons à refaire tout le chemin en sens inverse pour quitter le Mont Koya : bus + funiculaire + train de montagne + train local + métro auquel s'ajoute ici un shinkansen (TGV) qui nous mènera en début d'après-midi à Hiroshima.


 

MONT KOYA : AU PAYS DE KUKAI

Ce matin, nous quittons Osaka en direction du Mont Koya, toujours dans le Kansai. Et pour atteindre ce complexe monastique situé sur un plateau montagneux à environ 900 mètres d'altitude, il faut le mériter ! Nous prenons : métro + train local + train de montagne + funiculaire + bus + nos pieds.



Train local : Kenji concentré sur sa documentation
Train de montagne


On part d'une altitude de 92 m...




Le train de montagne nous emmène à 539 m...
Et le funiculaire grimpe de 539 m à 867 m en 5 minutes



Les restaurants étant pris d'assaut par la foule à cause de la Golden week, nous décidons de passer par un petit magasin et d'emmener de quoi pique-niquer. Déjà Kouyakun – la nouvelle mascotte créée à l'approche des 1200 ans de la fondation du Mont Koya (en 815, par Kukai) – est partout : sur le bus, en statues de pierre, etc.



Kouyakun, petit pèlerin mascotte du Mont Koya
Place ensuite au début de la visite : le Temple Kongobuji, siège historique de la branche Shingon (ceux qui ont lu "klingon" regardent trop The Big Bang Theory) du Bouddhisme, créée par Kukai alias "Kobo-Daishi" de son nom honorifique, un personnage que mes lecteurs assidus connaissent puisqu'il est né à Shikoku et est lié à la fondation du pèlerinage des 88 temples. C'est en l'an 815 que cet homme de lettres reconnu (voir la présentation que j'en avais faite dans : Shikoku : Explication du parcours et temple n° 0 sous le regard de Kukai) obtient de l'empereur de l'époque ce lieu pour y établir une communauté religieuse et y développer sa vision du Bouddhisme, non pas tournée sur la vie après la mort mais au contraire centrée sur la vie et le travail sur soi-même pour devenir meilleur (voire devenir bouddha soi-même, si on travaille dur, guidé par un maître). 

Le lieu possède aujourd'hui de très belles et délicates peintures anciennes sur ses murs (qu'on ne peut photographier) faits le plus souvent de panneaux coulissants permettant de moduler l'espace. Dans l'une des salles, on reçoit un thé et une galette de riz (un osettai comme durant le pèlerinage de Shikoku (lire par exemple à ce sujet : Shikoku : Triple osettai au Temple n° 46) que l'on déguste en écoutant un bonze réciter des légendes locales. Vu que nous ne comprenons pas le japonais, Kenji nous a raconté dans un coin de cette salle une des histoires dont il se souvenait.





Le bonze récite, sous le regard de Kukai
Nous continuons ensuite de circuler dans le Kongobu-ji et longeons le magnifique jardin de pierre Banryu-tei qui est le plus grand du Japon. A noter que les roches qui le composent viennent de l'île de Shikoku. 




Le Mont Koya – classé au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2004 – compte aujourd'hui environ 4000 habitants dont un quart de bonzes (moines bouddhistes) et une centaine de temples et pagodes que nous n'allons bien entendu pas tous visiter. Kenji nous a établi une petite sélection et nous enchaînons donc par le site Danjo Garan, l'un des ensembles les plus importants du Mont Koya vu qu'il regroupe une vingtaine de bâtiments.





Même au Mont Koya la quête de tampons se poursuit
Pin sur lequel serait tombé le bâton que Kukai a lancé dans les airs quand il était en Chine (!)
Nous terminons enfin par Okuno-in, son immense cimetière qui s'étend sur une distance de 2 km, son Pavillon des Lanternes (Toro-do) et son hôtel dédié à Kukai (Okuno-in Gobyo). Il ne s'agit en effet pas d'une tombe car l'intéressé ne serait pas mort mais dans un état d'éternelle médiation. Et c'est pour ne pas le déranger que, une fois le pont passé, le visiteur est prié de progresser dans le plus grand respect (et notamment sans prendre de photos).

En bus vers Okuno-in




Au-delà du pont : le site d'éternelle médiation de Kukai

A suivre : Testé pour vous : Repas végétarien des moines et nuit au Mont Koya