vendredi 18 avril 2025

LE TOWADA ART CENTER VOUS MET LA TETE A L'ENVERS

Après la matinée au fil de la rivière Oirase jusqu'au lac Towada, nous consacrons l'après-midi à la visite de l’intrigant Towada Art Center (十和田市現代美術館), un projet d'envergure internationale créé en 2008 en collaboration avec les autorités locales afin de redynamiser la ville.

Oui je fais le poirier sur une façade parmi d'autres cascadeurs !
Il n'y a pas que la ville que ce projet a redynamisé

Ce projet muséal tire son épingle du jeu tant du côté du contenu que du contenant. Pour ce qui est du bâtiment, il a été conçu par Ryûe Nishizawa, professeur associé à l'université nationale de Yokohama, à qui l’on doit aussi la conception du Louvre Lens et de La Samaritaine (Rue de Rivoli, à Paris) à chaque fois avec sa collègue Kazuyo Sejima. Il s'agit d'un ensemble de cubes imbriqués les uns dans les autres, sans logique linéaire.

Car pour ce qui est de son contenu, il ne s'agit pas d'oeuvres achetées par le musée. C'est le lieu lui-même qui a été construit au fur et à mesure que des projets étaient commandés à des artistes contemporains de renommée mondiale. Ce qui donne un petit musée d'une quarantaine d'oeuvres qui ont droit chacune à leur pièce à l'intérieur (ces cubes sont alors reliés par une galerie vitrée) ou à leur espace à l'extérieur du Towada Art Center. 

La structure de cubes imbriqués les uns dans les autres

Flower Horse, Choi Jeonghwa (Corée du Sud)
Ochrea, Paul Morrison (UK)

Quand on connaît un peu le coin, on voit tout de suite en quoi ces oeuvres ont été conçues pour le lieu. Le cheval cabré tout d'abord : la ville est en fait célèbre depuis le Moyen Age pour ses élevages d'équidés car c’est ici à Towada qu’on élevait les chevaux pour l’armée impériale. La fresque avec le pommier ensuite car le Tohoku et plus particulièrement cette préfecture (Aomori) sont de grands producteurs et exportateurs de pommes.

Yoroshiku Girl 2012, Nara Yoshitomo (Japon)

Memory of Water, Shiota Chiharu (Japon)

Wall Painting Mirror, Federico Herrero (Costa Rica)

Flying Man and Hunter, Morikita Shin (Japon)

RR Haiku 061, Rafaël Rozendaal (Pays-Bas)

Un tel projet original ne pouvait que plaire à une autre artiste japonaise internationalement (re)connue : Kusama Yayoi, dont je vous avais déjà parlé lors d'un dimanche parfait sur l'île de l'art moderne Naoshima. Ici, elle a carrément offert de réaliser cette plaine de jeux pour les plus jeunes... et les autres !

Kusama Yayoi, Love Forever, Singing in Towada (Japon)

Une enfant à la plaine de jeux dessinée par Kusama Yayoi

Ghost - Unknown Mass, Inges Idee (Allemagne)

aTTA, Tsubaki Noboru (Japon)

Un cheval dans le mobilier urbain

Dans le cube à l'arrière-plan :
Bridge of Light, Ana Laura Alaez (Espagne)

Fat House, Erwin Wurm (Autriche)

Vidéo philosophique avec les réflexions de la maison elle-même
(dans Fat House, Erwin Wurm)

Fat Car, Erwin Wurm (Autriche)

Le Towada Art Center, la seule institution au Japon à exposer en permanence des œuvres de Wurm (dont Fat House et Fat Car), présente en ce moment dans ses salles temporaires la première exposition personnelle dans ce pays d'Erwin Wurm, artiste contemporain autrichien qui repousse les limites de la sculpture en utilisant un large éventail de supports, des matériaux traditionnels comme le plâtre et le métal à la photographie, le vêtement et la peinture. 

Mais la salle qui nous a probablement le plus fait rire, c'est celle consacrée à l'oeuvre Edificio - Buenos Aires de Leandro Erlich (Argentine). Certains du groupe s'en sont donné à coeur joie pour défier la gravité en immersion dans l'oeuvre et lui donner vie dans une performance mémorable...

Au secours !

Une aide qui tombe à pic

Le making of

On a bien rigolé

L'autre making of

Merci à nos compagnons de voyage Nicole et Philippe F. pour les photos de cette expérience à multiples points de vue voulue par l'artiste : rapport "voir / être vu" avec les spectateurs qui, en photographiant, créent tout autant le projet que ceux en immersion dans l'oeuvre d'art comme moi.