mercredi 9 octobre 2013

KYOTO : AU MOMAK POUR CAUSE DE TYPHON

Je l'évoquais hier dans le papier Kyoto : Rouge le Fushimi Inari ? Si peu..., de forts vents et pluies étaient annoncés depuis plusieurs jours. Cette fois, ça y est : le Typhon Danas qui balaie actuellement le Japon arrive à notre niveau :


Pas question de se balader dehors toute la journée, donc. Mais j'ai quelques idées de replis stratégiques. Un petit tour dans les galeries commerçantes couvertes (Teramachi, Shin-Kyogoku...) pour les derniers achats et surtout l'envie de découvrir le musée d'art moderne de Kyoto. Vu la météo, je renonce à y aller à pied et pars à la conquête du bus n° 5 qui me dépose devant l'entrée.


 


Tandis que je déguste un lunch constitué de tartines aux oeufs au rez-de-chaussée de ce bâtiment moderne (au Café de 505), je me plonge dans la lecture de la présentation des lieux. Le MoMAK (The National Museum of Modern Art, Kyoto) - dont l'acronyme n'est évidemment pas sans rappeler celui du MoMA (Museum of Modern Art) de New York - a pour missions d'acquérir, conserver, étudier et exposer des oeuvres d'art japonaises et étrangères des époques moderne et contemporaine, avec une insistance sur l'art du Japon de l'Ouest. Les collections permanentes sont présentées à travers des expositions tournantes et le musée propose également des expositions temporaires assez originales. C'est d'ailleurs le thème de celle présentée jusque fin du mois qui m'a attirée : "Reading Cinema, Finding Words : Art after Marcel Broodthaers". Une expo qui interroge le lien entre la photographie et la vidéo dans l'art contemporain d'une part, et le cinéma d'autre part.

Il y a beaucoup d'installations et de vidéos à regarder mais, vu que dehors le typhon continue à tout détremper (j'ai d'ailleurs du mal à distinguer par la fenêtre l'immense torii rouge voisin), je prends mon temps au milieu des oeuvres de cette expo temporaire. Je me balade aussi parmi les collections permanentes composées de peintures, photos, céramiques, sculptures, etc. Sans oublier de collecter le tampon du lieu - tout aussi design et contemporain que le musée - avant de rentrer à l'hôtel boucler ma valise.




Infos pratiques : brochure du musée (pdf en français)

Et c'est sur cette note culturelle que s'achève ce 4e séjour au Japon. Enfin, presque ! Je n'allais quand même pas repartir sans déguster une dernière fois - pour 2013 ;o) - mes mets locaux favoris. J'ai donc recroisé les amis qui étaient avec moi lors du départ (lire : Y a-t-il un avion pour Osaka ?), justement de passage à Kyoto pour quelques jours, afin de partager un délicieux repas varié... et arrosé d'umeshu, bien sûr !



To be continued... (probablement en 2014). A bientôt pour de nouvelles aventures !

mardi 8 octobre 2013

KYOTO : ROUGE LE FUSHIMI INARI ? SI PEU...


Déjà quand on arrive via les rues latérales, on ne peut louper qu'on approche de l'entrée du sanctuaire shintoïste Fushimi Inari : un premier torii vermillon vient nous cueillir entre les commerces. Ce type de portail sépare traditionnellement le sacré du profane, le monde spirituel du monde physique. 

Comme le nom du sanctuaire l'indique, c'est Inari qui est ici vénérée, déesse de l'agriculture et surtout du riz, base de toute richesse en Asie. Bien que, avec le temps, les choses ont évolué et c'est pour demander la prospérité de leur business en général que les Japonais lui rendent visite. Enfin... On ne lui rend pas vraiment visite à elle directement car la déesse se fait discrète. C'est son messager Kitsune le renard que l'on rencontre un peu partout. Afin d'obtenir son assistance, les humains lui offrent des statues de pierre à son effigie. Et il monte la garde dès la porte d'entrée.






Sur cette colline qui  constitue le sanctuaire principal de tous ceux dédiés à Inari, ce n'est pas un, ni dix, ni mille torii que l'on découvre...

"Rouge ! Rouge ! Rouge ! Dix mille portiques vermillons (torii), placés les uns à côté des autres, serpentent sur quatre kilomètres dans la montagne. Ils sont dédiés à la fortune. Comme un gosse, on a envie de courir à toute allure dans ce couloir étonnant pour voir ce qu'il y a tout au bout. Mais après quelques centaines de mètres, essoufflé, étourdi par la couleur rouge, on ralentit l'allure car... le chemin est le voyage." C'est par cette réflexion philosophique qu'Eve Calingaert nous introduit le Fushimi Inari dans "Kyoto. Avant-goût", paru aux Editions Tandem. Et elle enchaîne : "Pourquoi s'agite-t-on ? Alors qu'ici, soudain, tout semble simple, clair, facile. Il n'y a qu'à boire un bol de thé en regardant les bambous sous la brise. Et l'on descend de la montagne plus riche qu'à l'aller."

Bien entendu, il y a les imposants dix mille portiques juxtaposés qui créent des tunnels serpentant sur le Mont Inari. Mais il est vrai qu'il y a également de nombreux détails à observer autour de nous, notamment le fait qu'ici les ema (plaquettes de bois sur lesquelles on inscrit ses souhaits) prennent la forme de la tête du renard Kitsune ou de minuscules torii.









Dans le bas de la montagne, on trouve plusieurs autels fréquentés par les Japonais venus prier et des maisons de thé dans lesquelles les touristes s'arrêtent un moment pour se poser et méditer en regardant l'environnement aux alentours.

Les visiteurs sont par contre moins nombreux à s'aventurer plus haut (que le point rouge sur la carte ci-dessous) afin de parcourir la boucle qui grimpe jusqu'au sommet. En bons marcheurs convaincus (on revient quand même de la randonnée sur l'île de Shikoku !), Pierre-Alain - qui étudie le japonais depuis plusieurs mois à Kyoto - et moi-même n'hésitons pas un instant à poursuivre le chemin.








Et on apprécie d'autant plus le tour que peu de gens l'effectuent. La balade au coeur de la nature est donc plaisante, calme, bordée de drôles de fontaines dont celle-ci en forme de sabre (oh une photo sans rouge orangé !) et... plus courte qu'on ne s'imagine. Parfois les plans japonais et leurs dessins pas toujours à l'échelle sont trompeurs.

Nous voici donc au sommet assez rapidement. Je pose pour la gloire, on fait un tour des lieux (il y a de ces empilements de petits torii sur certains autels : on se demande si le typhon en approche ne va pas les envoyer valser dans les airs) et on entame bientôt notre descente.








Alors que nous nous approchons du bas de la montagne, nous entendons soudain parler français : nous croisons une autre partie de l'équipe de Shikoku 3 également venue à la découverte du Fushimi Inari.




Et comme vous l'aurez peut-être remarqué, dans la descente on se retrouve face au côté des torii où se situent les écritures. La littéraire que je suis apprécie cette différence et observe avec plaisir tout ce qui l'entoure. Même si je pense que c'est plus joli quand on ne comprend pas ce qui est écrit : tous ces portiques vermillons sont des dons à la déesse Inari effectués par des particuliers, des familles et des entreprises, et les écritures qui figurent sur les montants sont en réalité leurs noms et messages.

Allez, encore quelques photos pour la route, dans la section avec des lanternes. En espérant que le lecteur aura survécu jusqu'à la fin de ce billet sans overdose de rouge... ;o)



KYOTO : INSTANTS DE SERENITE AU TOFUKU-JI

Ce matin, alors que Kyoto se réveille et que les salarymen filent au travail, Pierre-Alain passe nous chercher en voiture Lydia et moi pour nous faire découvrir le Tofuku-ji. Il s'agit d'un complexe qui compte plus d'une vingtaine de sous-temples (dans le passé le nombre est monté jusqu'à 53 bâtiments) dont il nous a conseillé certains endroits... et qu'il vient finalement nous montrer en personne.





Construit en 1239, il couvre une superficie de 200.000 m², ce qui en fait le plus grand complexe zen de Kyoto. On y pénètre par un majestueux pont de bois surplombant la vallée remplie entre autres de nombreux érables. Il est donc très fréquenté à Koyo, le moment de l'automne où la flore vire au rouge (on utilise le terme Momiji pour évoquer ce phénomène chez l'érable japonais). Mais ce matin, c'est le calme plat. Quasi personne. J'adore ! 






Certaines portes sont entrouvertes. On aperçoit des instruments de musique. Et on reste assis là un instant à méditer sur le charme de cette agréable matinée à Kyoto, entre jardin gris sec et vert humide.

Un peu plus loin, la résidence Hojo du moine bouddhiste principal est entourée de chaque côté d'un jardin différent. Selon son humeur, la saison, le moment du jour ou la luminosité, on se tournera donc vers le jardin du nord, de l'est, du sud ou de l'ouest (pour plus d'explications, voir : le site officiel du temple).

Dans l'ouvrage "Kyoto. Avant-goût" dont je vous ai déjà parlé (lire : Kyoto : Kitano Tenmangu, un temple pour étudiants et écrivains), Eve Calingaert écrit :"Mon préféré ? Le jardin du nord. Des dalles carrées sont associées à des pavés de mousse dodue. Cette surface, où alternent le minéral et le végétal, symbolise le vide et le plein, le ciel et la terre, l'ombre et la lumière : les contraires, paires inséparables, toujours complémentaires. Cette non dualité sur le gazon, cet univers entier en quelques mètres carrés, a été créé par Shigemori Mirei en 1938."









Pour ma part, ce qui me plaît le plus dans ce jardin du nord, c'est que justement ce damier fait de dalles de pierre et de carrés de mousse dodue ne garde pas son design strict sur tout le terrain. Quand on lève le regard, on s'aperçoit que le damier se perd soudain, les dalles s'éparpillent, laissant le loisir à la nature de reprendre ses droits. Car la vie est ainsi faite, non ? Irrégulière et asymétrique quand un grain de folie vient saboter la linéarité de son chemin.

Quel dommage par contre que les températures exceptionnellement chaudes de 2013 (il fait toujours plus de 30° C à l'approche de la mi-octobre) aient brûlé la mousse, la faisant brunir. Car d'habitude ça donne plutôt ça : photos du Tofuku-ji en d'autres saisons.

C'est le triste constat que nous sommes également obligés de faire dans un autre petit recoin du site, dans le sous-temple préféré de Pierre-Alain (dont j'ai promis de taire le nom afin de préserver sa tranquillité) où le jardin zen évoquant la mer nous offre des vagues de mousse brunie.






Au moment de prendre congé de Pierre-Alain, je ne peux que le remercier pour ce moment de sérénité loin du bruit et de la fougue des grandes villes. Une transition en douceur entre la randonnée dans la campagne sur la petite île de Shikoku et l'agitation de ma visite suivante dans un lieu bien plus fréquenté par les Japonais et les touristes : le sanctuaire Fushimi Inari.

Pierre-Alain s'est même prêté au jeu de la photo de groupe alors qu'il préfère généralement être de l'autre côté de l'objectif
 
Feuilles d'érable rares (car "palmées") reçues d'une dame travaillant au Tofuku-ji