Après un petit déjeuner composé de divers onigiri (triangles de riz), direction la gare de Tokushima. Un petit train nous amène à la gare du village de Bando et c'est là que les choses sérieuses commencent. On repère le type de fléchage à suivre (voir le billet illustré de nombreuses photos qui y sera consacré) et c'est parti pour la quête du premier temple afin de s'équiper.
La fine équipe de gauche à droite : Grégory, Cyrille, Antoine, Lydia, Pierre-Alain, Jérôme, Dimitri et Stéphanie. Tous les Français en fait. Et au premier rang : Kenji (Japon) et moi (Belgique, bien sûr). Et notre photographe : l'autre Pierre-Alain, le créateur d'Autrement le Japon.
Très verdoyant, le jardin de ce Temple n° 1 (Ryozen-ji) est bien agréable et nous plonge en douceur dans la nature. Nous trouvons facilement la boutique et chacun s'équipe comme il veut en piochant dans les éléments caractéristiques du pélerin de Shikoku appelé Henro : rien n'est en effet obligatoire mais c'est le chapeau et la blouse blanche qui forment la base de cette tenue du Henro, personnage au statut respecté sur l'île. Son attirail complet lui donne une allure typique (que l'on retrouve également sur le bonhomme du fléchage) et se compose des vêtements et objets suivants :
1 - la veste blanche (hakui ou byakue) : elle représente la pureté et l'innocence (c'est tout moi ! hi hi hi...) mais permet aussi surtout d'identifier clairement les marcheurs le long de la route. Certains collectionnent les cachets des temples dessus et la veste devient alors un trésor familial qui sera même posé sur le pélerin le jour de sa mort avant la crémation. Elle a ou non des manches et est assez légère. Et elle comporte dans le dos une inscription en l'honneur de Kukai. Normalement le pantalon et les chaussures doivent être blancs aussi mais peu de marcheurs respectent cette tradition car il faut privilégier la qualité, la résistance et le confort à la couleur.
2 - l'étole (wagesa) : partie du vêtement que le religieux porte et qui a été adaptée (simplifiée) pour le voyageur. Elle est également couverte d'une inscription évoquant Kukai. Il en existe de différentes couleurs (selon les prix) et il faut l'ôter quand on va aux toilettes ou manger.
3 - le chapeau (
sugegasa) : il est très pratique pour se protéger du soleil ou de la pluie car il est très large... et n'est justement pas facile à caser dans une valise par la suite. Il est aussi couvert d'inscriptions et la marque en sanscrit doit se mettre devant. Il est un élément très caractéristique du pélerin qui peut le garder sur la tête à l'abord et dans les sites sacrés, ainsi que durant la prière. Un morceau de tissu est souvent posé en premier lieu sur la tête pour que l'armature en osier ne fasse pas mal. Et le chapeau est recouvert d'un plastique pour être d'autant plus étanche mais aussi pour être moins abîmé et pouvoir ensuite être exposé dans la maison du marcheur. Un chapeau "bob" blanc ou une casquette lui sont souvent préférés.
4 - la bâton (kongozue) : il est traditionnellement en bois et de section carrée mais il arrive qu'on aperçoive des marcheurs avec des bâtons modernes et légers. Il est recouvert sur le dessus de tissus colorés. Il est souvent marqué d'une inscription et certains considèrent qu'il représente Kukai marchant au côté du pélerin.
5 - les sacs : le petit sac du devant (5a) est appelé
zudabukuro et est également marqué d'une inscription signifiant (en gros) que "Kukai est avec nous". Il renferme les objets dont on se sert régulièrement : livre de calligraphies, argent, eau, plan, boussole, carnet de bord, cartes de visite... (mais aussi pour les plus religieux : sutras, encens, bougies, briquet...). Le sac à dos (5b) doit être un sac adapté aux longues distances et pas trop lourd.
6 - le rosaire (juzu) : objet religieux familier pour le Japonais, il sert lors de la prière.
7 - la clochette : attachée au bâton de marche ou à un des sacs, elle sert à se faire entendre des autres pélerins sur la route mais aussi à éloigner les mauvais esprits et les animaux indésirables (notamment les ours).
8 - le cahier de calligraphies (
noukyouchou ou
nokyocho) : il est une preuve que l'on est passé par tous les temples. En effet, pour 300 yens à chaque fois, le bonze ou un(e) assistant(e) appose les cachets du lieu et réalise devant nous une calligraphie. On doit y passer après la visite (et la prière le cas échéant), avant de se remettre en route. On en trouve des grands et des moyens, certains simples et d'autres avec une image du temple dessinée sur chaque page. C'est pour cette version illustrée que j'ai opté. A noter que certains font plutôt calligraphier une veste d'apparat (semblable à celle que l'on porte mais plus brodée) ou une tenture qui sera ensuite accrochée comme décoration dans l'habitation.
9 - les cartes de visite (
osamefuda ou
fuda) : ces bandelettes de papier sont de différentes couleurs en fonction du nombre de fois que vous avez déjà effectué le pélerinage : blanc (1-4), vert (5-7), rouge (8-24), argent (25-49), or (50-99) et enfin en brocart (étoffe de soie rehaussée de dessins colorés brochés d'or ou d'argent) si on a déjà réalisé le tour de l'île 100 fois et plus. On les achète par paquet et on en dépose une à chaque temple au moment de la prière en y ajoutant nom, adresse, date et souhait. On en donne aussi à ceux qui nous offrent quelque chose sur le bord de la route (nous y reviendrons).
Enfin, j'ajouterais un élément indispensable à cette aventure : le sourire bien sûr :o)
(avec Kenji - notez qu'il a même la housse d'appareil photo blanche - et ma nouvelle tenue de Henro ainsi que le livre "Shikoku Japan 88 Route Guide" et mon cahier de calligraphies)
(sinon on a aussi la version baroudeur de Pierre-Alain, la version peu crédible "j'ai la tenue du Henro ainsi que du maquillage et des talons aux pieds" du mannequin d'exposition ou la version "je m'équipe chez Decathlon en vert fluo pour ne pas qu'on me perde" de Jérôme/Keitaro)