vendredi 14 juillet 2023

HOKKAIDO, (L'AUTRE) PAYS DE LA LAVANDE

Celles qui ont fait de la calligraphie japonaise avec moi devraient reconnaître les 3 kanjis qui constituent 北海道 mais pour les autres Hokkaidō (nom d'ailleurs venu des Japonais, pas des autochtones) se décortique en :
北 = nord
海 = mer
道 = voie, chemin (comme dans 書道 shodô, la voie de l'écriture)

Donc la "route de la mer du nord" (mais pas celle de Belgique : ici pas de Flamands, ajouterait Francis). C'est en effet la plus septentrionale des 4 îles principales de l'archipel du Japon, à proximité de la Sibérie. On commence d'ailleurs la journée par quelques mots d'explication géopolitique et historique bien intéressants. Et puis soudain, sur la route qui mène de Biei à Furano, on commence à voir ce type de champs le long de la route et à douter du continent sur lequel on se trouve.



Et  c'est vrai qu'on en viendrait à se demander si je suis en Provence avec papa (en période de Festival d'Avignon, rien de plus plausible) ou vraiment au Japon.

C'est que les Japonais tiraient depuis longtemps profit des nombreuses plaines de l'île (terres confisquées aux autochtones Aïnous, nous y reviendrons) pour développer une agriculture intensive de légumes, de blé, d'orge (la bière n'est pas loin, nous y reviendrons aussi), etc. Mais, dans les années 70, c'est l'effondrement des prix dû à la mondialisation et un substitut est trouvé : convertir certains champs en attraction touristique pour Japonais - surtout 2 mois par an, à savoir l'été - en plantant des champs de lavande mais aussi des fleurs annuelles qui drainent une certaine foule attirée par les couleurs arc-en-ciel.

Petite parenthèse en parlant de foule et de route : quand on voit le peu de monde sur les routes (hors site touristiques) alors que c’est l’heure de pointe, on constate aisément que l'île est peu peuplée.

Pas grand monde devant nous sur la route

Oh un autre petit car : c'est la foule des grands jours

Au vu de la couleur du ciel, le moment est venu pour un double point météo. Premièrement, quelques heures de transit à Tokyo (plus au sud dans la péninsule nipponne) ont suffi pour qu’on réalise qu’il y fait très chaud (on annonce 37° pour lundi). Et, à l’ouest, il y a actuellement des pluies torrentielles (médiatisées jusqu’en Belgique, n’est-ce pas Steve) qui ont même provoqué une pagaille sur le réseau des Shinkansen (trains à grande vitesse). L’idéal en cette saison, c’est le nord où il fait environ 25° : ça tombe bien, c'est là que nous sommes. Des pluies passent ça et là mais pas de quoi effrayer un Belge.

Deuxièmement, et pour en revenir au sujet principal de ce papier, chez nous la lavande pousse en Provence. Or, vous savez peut-être que Hokkaido est connue comme destination de sports d'hiver ou vous avez entendu parler du Yuki Matsuri, le festival de la neige qui se déroule tous les ans à Sapporo. Comment la lavande peut-elle dès lors survivre dans des conditions si rudes alors qu’il peut faire jusqu’à -20° en hiver ? C'était la colle que nous avait posée Francis de bon matin.

La réponse est en fait dans la question. Certes, on a développé ici des cultivars hybrides locaux mais surtout il y a de la neige, élément climatique que le Belge ne maîtrise plus trop (dois-je vous rappeler le sketch de Dan Gagnon à ce sujet ?). Eh bien cette couche de neige est tellement épaisse qu'elle constitue un isolant donc ça ne gèle pas en-dessous. Et si vous ne me croyez pas, remontez donc aux photos de la route un rien plus haut dans cet article (oui je construis mes sujets, il ne faut pas croire) : les flèches permettent aux conducteurs de délimiter la route quand ils ne la voient plus sous le manteau blanc de l'hiver.






La Ferme Tomita où j'ai pris ces photos ce matin est un pur exemple de la colonisation japonaise sur l'île d'Hokkaido, alors que la famille venait de la préfecture de Fukui, sur l'île principale du Japon (où se situe notamment Tokyo). Ils ont commencé à cultiver la lavande en 1958 et ont bien diversifié leur business jusqu'à employer 40 personnes à l'année avec d'autres fleurs (les annuelles qui drainent les foules venues prendre leur dose de grand air et de flower power coloré), avec également du lavandin (qui pousse plus tard que la lavande et est uniquement utilisé en cosmétique vu sa forte extraction en huile essentielle mais son odeur moins délicate qui convient moins en parfumerie), une maison d'hôte et des produits dérivés jusqu’à... la glace à la lavande !

en passant par la camionnette...
la boîte aux lettres...
et la glace !

PS : On était en pleine floraison de cette lavande emblématique de l'île et les tapis mauves recouvraient à merveille les collines mais Francis nous avait aussi recommandé de grimper jusqu'au Hilltop Field où le "poppy" est roi et il faut bien reconnaître que ces champs de pavots étaient eux aussi bien photogéniques.



TESTE POUR VOUS : LE SASHIMI AU PETIT DEJEUNER

Allez, je me dévoue pour relancer la rubrique "Testé pour vous" qui compte déjà 42 articles suite à mes précédents voyages. J'avoue que ce matin j'ai fait fort : à la question "International breakfast (buffet) or Japanese (servi à table)", j'ai choisi le petit déjeuner japonais. Et à la question subsidiaire de savoir si je voulais le plateau sashimi ou celui de poissons grillés,  j'ai opté pour le poisson cru !

Le sashimi (poisson cru) au petit déjeuner

Le plateau comportait aussi un bol de riz (of course) et une soupe avec des coquillages. Et on avait accès à un petit buffet de boissons, fruits, laitages... Apparemment le poisson - encore plus cru - au petit déjeuner n'est pas évident pour tous mais on est encore en jetlag, non ? Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise... heure pour les découvertes. Franchement, j'ai adoré cette entrée en matière originale. On n'était que 3 du groupe à avoir choisi cette salle mais aucun regret. Et puis quelle vue du 35e étage de l'hôtel !

Y a pire comme vue de bon matin (6h45)

PS : pour ceux qui sont tentés par d'autres histoires de poissons, je vous invite à lire Tokyo : marché aux poissons de Tsukiji