Après la multitude de transports en commun nécessaires (bus, trains, métro, TGV, etc.) depuis le Mont Koya, nous parvenons à Hiroshima. Et il faut bien cette longue transition pour passer de la zen attitude du Bouddhisme à la violence des actes humains durant la 2e Guerre mondiale.
6 août 1945, 8h15 : Hiroshima devient victime du premier bombardement atomique au monde. Les Etats-Unis avaient sélectionné une liste de villes (Hiroshima, Kokura, Niigata ou Nagasaki) sur lesquelles furent interrompues les autres frappes afin de mieux pouvoir étudier les effets de la bombe (!) et c'est finalement Hiroshima - que l'on supposait être la seule ne comportant pas de camps de prisonniers alliés et au-dessus de laquelle le ciel était dégagé - qui fut choisie.
Lors de l'explosion à environ 600 m de sol, la bombe atomique a dégagé un rayonnement thermique et des radiations. L'air s'est dilaté très rapidement et l'onde de choc a soufflé la ville. L'intensité de l'explosion détruisit et incendia pratiquement tous les immeubles dans un rayon de 2 km de l'hypocentre, comme on peut le voir sur la maquette ci-dessous.
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Image célèbre de cette montre restée figée sur 8h15 |
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Maquette d'Hiroshima avant la bombe atomique |
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Maquette d'Hiroshima après la bombe atomique |
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Photo d'époque de ce que l'on a appelé "le Dôme de la Bombe A" |
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Objets fondus par l'explosion, exposés au musée : casque et tricycle d'enfant |
Les dommages furent de différents ordres et les symptômes arrivèrent au fil du temps : ceux résultants de l'explosion (immeubles et êtres vivants anéantis par le souffle), de la chaleur (la boule de feu provoquant un rayonnement thermique d'une rare intensité qui causa des dégâts irrémédiables : les brûlés qui ne décédèrent pas sur le coup moururent bien souvent dans les heures suivantes dans d'atroces souffrances) et des radiations (fièvre, saignements, perte de cheveux, fatigue générale et mort pour les irradiés les plus proches de l'hypocentre, dans les semaines qui suivirent). Vers la fin décembre 1945, une fois que furent calmés les effets aigus des radiations initiales, environ 140.000 personnes avaient péri. Mais bien des années plus tard, l'impact de la bombe joue encore sur la santé humaine (leucémies et autres cancers pour nombre de survivants de l'époque).
L'ancien Palais du développement industriel fut le seul à rester debout près de l'hypocentre de l'explosion et les habitants ont décidé de le préserver - même s'il rappelle tant de souffrance aux survivants et garde des plaies à vif - comme témoignage pour les générations futures. Sa structure éventrée et son toit (depuis surnommé "Dôme de la Bombe A") sont devenus le symbole d'Hiroshima. C'est près de cette trace historique importante que Kenji nous parle de cet épisode vécu par son pays. Même après plusieurs visites, il garde une émotion dans la voix. Ma gorge se serre et je sens les larmes monter.
Au Musée de Hiroshima pour la Paix, vidéos, maquettes, photos et témoignages racontent l'horreur vécue par les habitants. De nombreuses personnes sans nouvelles des membres de leur famille ont cherché elles-mêmes dans les décombres et n'ont souvent trouvé que des objets (ou parfois des lambeaux de corps) comme preuve du décès de leurs proches. Certains de ces objets sont exposés là (comme le tricycle de cet enfant qui jouait dehors), avec des récits. Poignants. A la sortie du musée, on trouve aussi un état actuel de l'armement nucléaire mondial. Interpellant.
Après la reconstruction, la vie a repris son fil à Hiroshima - en témoigne d'ailleurs la Fête des fleurs qui se déroule aujourd'hui dans le Parc de la Paix et qui peut être assez déstabilisante en contraste, quand on sort du musée - mais un passage dans cette ville me paraissait nécessaire. Dans le parc se consume une flamme appelée à s'éteindre uniquement quand la dernière arme nucléaire sera démantelée. Un monument qui n'est pas sans rappeler celui dont je vous avais parlé dans le papier :
Ueno : Un grand parc et une petite flamme.
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La flamme et le musée (à l'arrière-plan) |
Au Japon, il est dit que si on plie mille grues de papier quand on est malade, on guérira. Ces pliages géants rendent hommage à une petite fille irradiée qui n'est pas arrivée au bout de ses origamis et, plus largement, il fait partie du Mémorial des enfants pour la Paix.
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Les voyages forment la jeunesse. Certains un peu plus que d'autres... |