mercredi 19 juillet 2023

HOKKAIDO : LA FEMME QUI A VU L’OURS, C’EST MOI !

Alors que nous roulions vers la péninsule de Shiretoko, Francis nous a demandé si, en plus de la balade déjà prévue autour des Cinq Lacs, certains seraient intéressés par une promenade supplémentaire avec un guide nature : tout le monde a dit oui ! Grâce au Picchio Wildlife Research Center qui va nous guider tout l'après-midi, on s'équipe pour partir en forêt : bottes (car c'est boueux), sur-pantalon (contre les tiques), anti-moustique, k-way (parapluie interdit) vu la météo changeante... 

Les guides de Picchio (qui veut dire pivert en français ; woodpecker en anglais) sont des spécialistes de l'environnement - souvent biologistes de formation - entraînés à reconnaître les traces d'animaux. Dans cette partie du Japon, on parle des oiseaux bien sûr mais aussi des renards, des cervidés comme le cerf sika (avec une robe tachetée comme le daim) ou encore du roi des forêts du coin : l'ours brun. Il est à noter que le parc national de Shiretoko est l'un des endroits au monde qui en compte le plus au m².

D'ailleurs, au moment où on s'y attend le moins, 
voilà qu'on tombe sur un ours au bord de la route

Pour la première partie de l'après-midi, c'est Yuki Ako qui sera notre guide naturaliste. A peine nous a-t-elle donné quelques conseils de sécurité et une introduction sur la faune du coin qu'on tombe sur un cerf sika tranquillement couché entre les arbres. On fait silence et on continue notre chemin en file indienne pour ne pas le déranger.

Cerf sika

On suit le chemin tracé par les animaux dans la forêt...

... en s'arrêtant régulièrement pour des explications

Un arbre un peu explosé par un ours (pour y prélever des fourmis)

Un gros champignon (comestible)

On atteint la falaise

Bien équipée pour suivre la guide nature en forêt

Une famille de cerfs sika

Trou creusé par un ours et/ou un renard

Un renard justement

On a vu pas mal de traces et d'animaux sur peu de temps, c'était fort intéressant. Nous reprenons le car pour nous rendre au point de rendez-vous suivant : Shiretoko Goko Lakes, les Cinq Lacs aux eaux cristallines, cachés dans une forêt dense, où "nous aurons peut-être la chance d’apercevoir des ours bruns" avait indiqué Francis dans le programme. 

Et soudain surgit face au vent le vrai ours brun de tous les temps... Avant même d'y arriver, nous voici donc en présence de l'ours qu'on espérait voir. Il est sur le bord de la route, en train de manger. Il faut dire qu'ils sont très nombreux dans cette région et que juillet est une grosse période d’activité pour eux donc certains coins sont même interdits d'accès dès qu'ils sont aperçus dans une zone et qu'une alerte est lancée. C'est le plus grand mammifère terrestre du Japon et, même s'il est "omnivore opportuniste à nette dominante herbivore" (racines, baies, insectes, oiseaux, fruits, etc.), il vaut mieux ne pas le surprendre au risque de se faire attaquer.




D'ailleurs, pour participer à la deuxième partie de l'après-midi, on doit constituer des sous-groupes encore plus petits, un guide formé à la gestion des rencontres avec les ours (et reconnu officiellement par le site) est obligatoire et il faut suivre une petite formation (vidéo + consignes d'un spécialiste) pour se voir remettre un certificat autorisant son porteur à circuler accompagné sur les chemins des Cinq Lacs.

Notre sous-groupe partant en dernier lieu, on a le temps
de déguster une glace... aux baies que mangent les ours bruns

En haut à droite de mon cahier : j'ai obtenu le certificat !

Quand on est appelés pour notre tour de formation avant de se mettre en route, on fait la connaissance de Mack Yamazaki, le chef des guides naturalistes (Lead guide of Picchio Shiretoko) : je pense qu'on est entre de bonnes mains. Il nous apprend comment on va faire pour éviter de tomber face à face avec un ours (et vérifie qu'on n'a pas de nourriture sur nous car ils ont un bon odorat) mais aussi que faire si ça devait arriver.

Mack nous explique le parcours et prévient les autres guides
qu'on se met en route (à tout moment on est susceptibles de devoir
rebrousser chemin si un talkie-walkie signale la présence d'ours)

On écoute et repère des oiseaux comme l'orite à longue queue 
(petite mésange à longue queue, symbole de l'île)

Mack reste sur ses gardes et fait des bruits pour signaler notre présence

Lacs en vue mais aussi plantes dont les ours raffolent des racines

Un super guide qui s'est spécialisé en ours puisqu'avant de gérer
les bruns, Mack travaillait du côté de Nagano où règne l'ours noir

Lac exceptionnellement calme, ce qui permet d'y voir les reflets

Le magnifique équipement décrit plus haut

Ces Cinq Lacs ont été formés suite à l'éruption du Mont Io, ce qui fait que ce sont les pierres retombées du volcan qui ont façonné les paysages un peu vallonnés. Les arbres ont eux du mal à se fixer en profondeur au vu de la nature du sol et ils sont balayés aussi bien par les vents venus de la montagne que par ceux venus de la mer : un challenge de rester debout dans ces conditions !

On dirait que l'arbre est assis sur la pierre volcanique

Les racines se frayent comme elles peuvent un chemin vers le sol

Mack nous indique des traces d'ours très récentes 

Nénuphars sur 1 des 5 lacs

La fin du parcours se fait sur une passerelle surélevée
 hors d'atteinte des ours...

... mais les seuls mammifères croisés à cette heure sont des cerfs
Le soleil fait sa réapparition pour mieux se coucher


Un super sous-groupe pour marcher dans la nature
(avec notamment des ornithologues amateurs)

Vraiment une journée passionnante au coeur de la faune et la flore d'Hokkaido : merci Yuki et Mack !

HOKKAIDO : LA PENINSULE DE SHIRETOKO VUE DE LA MER D'OKHOTSK

Ce matin, on embarque sur un bateau pour longer les côtes escarpées de la péninsule de Shiretoko (déclarée patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 2005) dont la plus grande partie est un parc national. On a bien hâte de découvrir cette nature depuis la mer mais on ne sait pas si on va voir grand chose avec la brume ambiante de ces derniers jours...


Nous sommes donc arrivés au nord-est de l'île d'Hokkaido et même du Japon : on pourrait difficilement aller plus loin. D'ailleurs, en aïnou, Shiretoko signifie en gros "l'endroit où la terre s'arrête". 

Nous sommes tout au nord-est

Nous sommes à gauche de la péninsule, où on voit "siteseeing boats"
Source pour cette carte illustrée : site "Oh my jet lag ! Un tour du monde à partager"
https://ohmyjetlag.wordpress.com/2017/11/04/shiretoko-national-park/

Le petit déjeuner dans notre super hôtel
où on a aussi un onsen (bain public)

Après le petit déjeuner, nous voilà donc partis pour 1h30 sur la mer d’Okhotsk : on aurait pu prendre l'option 4h mais comme on n'est pas sûrs de voir à travers le brouillard... J'ai d'abord une très bonne place à la fenêtre à l'intérieur (il bruine et j'attends qu'il y ait quelque chose à voir pour sortir) mais bien vite l'appel du grand air se fait sentir et je trouve des sièges à l'extérieur mais abrités.



La mer chahute un peu mais le bateau ne bouge pas trop et puis je sais depuis les Galapagos que je ne suis pas sujette au mal de mer. La côte est belle et les amateurs d'oiseaux en identifient quand même plusieurs. Moi je me contente d'admirer la nature. Un bon moment malgré la météo capricieuse.




Vous constaterez à ma tenue que, alors que les températures atteignent allègrement les 35 degrés dans le sud de l'Europe ou ailleurs au Japon (Tokyo et Kyoto inclus), on ne dépasse pas les 20 degrés aujourd'hui au nord-est d'Hokkaido. Ce n'est pas moi - qui ai du mal avec la chaleur - qui vais m'en plaindre - mais un rayon de soleil aurait joliment illuminé ces falaises.

Quand Francis fait le making of du blog


Cascade en vue


Ca s'est vaguement dégagé pour nous permettre de photographier cette jolie cascade mais le plafond nuageux est de nouveau bien bas quand nous rentrons au port. D'ailleurs on était censés aller admirer la vue depuis un point surélevé de la péninsule de Shiretoko mais vous n'aurez pas de photo de cela vu qu'on ne voyait que de la purée de pois. Je parle bien ici de brouillard épais, pas de soupe verte... vu que notre lunch intitulé "repas du pêcheur" tournait lui autour du saumon.


Le repas du pêcheur : soupe, saumon cuit avec une sauce sucrée
(c'était trop bon !), petit flanc aux légumes, sashimi, etc.

N.B. : Suite de nos aventures dans la péninsule de Shiretoko quand on aura changé de localisation car la connexion internet n'est pas terrible...