Nous quittons Takayama par le train de 11h en direction de Kanazawa, via Toyama. Si nous sommes toujours dans la région du Chubu, nous avons quitté les Alpes japonaises pour nous rendre sur la côte nord.
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A la sortie de la gare, une massive porte ouvre sur la ville de Kanazawa |
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Une ville bien fleurie |
Epargnée par les catastrophes naturelles ainsi que par les bombardements de la 2e Guerre mondiale, Kanazawa a conservé intacts certains de ses vieux quartiers, notamment celui qui fut habité par les guerriers près de la rivière. A noter qu'on parle bien ici des samouraïs mais que, avec la pacification qui survient au Japon durant l'époque Edo (à partir du XVIIe siècle),
la fonction combattante des guerriers diminue et ils
passent alors d'un boulot de fonctionnaires armés (comme nos forces de
l'ordre actuelles) à un travail de fonctionnaires administratifs. Ne les imaginez donc pas en train de combattre dans ces ruelles aux murs de terre, même s'ils continuaient à s'entraîner au cas où...
Après une présentation historique (comme d'habitude étayée par des illustrations qu'il nous montre sur sa tablette) du quartier Nagamachi, Kenji nous emmène visiter la maison des Nomura, une très riche famille de samouraïs. L'intérieur est assez sobre, comme la maison des commerçants visitée hier à Takayama, mais le magnifique jardin vaut notamment qu'on s'y attarde.
Parmi les objets bien conservés que l'on découvre dans la maison, cette lettre est plutôt impressionnante. Il s'agit d'un courrier qu'un homme adresse à l'un des samouraïs de la famille Nomura en 1566 afin de lui faire part du fait qu'il a apprécié qu'il travaille si dur pour combattre un guerrier haut placé et qu'il est très content d'avoir reçu la tête de cet ennemi. Peu courant de nos jours comme type de missives...
A Kanazawa, de l'époque des samouraïs à la nôtre, il n'y a qu'un pas. Ou plutôt qu'un bus. En effet, la carte d'une journée que nous avons achetée pour circuler avec les transports en commun classiques nous permet également d'emprunter le "Loop bus", un petit véhicule touristique qui fait le tour de la ville. La suite du programme étant libre, le groupe se disperse.
Certains montent avec moi dans le bus mais descendent quelques arrêts
plus tard dans l'ancien quartier des geishas tandis que je continue
seule vers ce que j'aurais vraiment regretté de ne pas voir : le Musée d'Art
contemporain du XXIe siècle (Nijuisseiki bijutsukan). Datant d'à peine
10 ans (il a ouvert en 2004), c'est un musée extrêmement novateur, tant
dans son design circulaire unique que dans les oeuvres permanentes et
expositions temporaires qu'il présente. Il attire les amateurs d'art du monde entier (même une Belge aujourd'hui !) et j'étais curieuse de pénétrer dans son univers réputé ludique. Si je ne devais vous parler que d'une oeuvre, ce serait The Swimming Pool (2004) de Leandro Erlich. Que vient faire une piscine dans un musée, me demanderez-vous ? Bousculer votre perception de la réalité, pardi ! Il s'agit en effet d'un trompe-l'oeil qui permet au visiteur aussi bien de plonger le regard dans l'eau mouvante que d'entrer sous l'eau sans se mouiller... tout en observant vers le haut à travers la surface. Une expérience à vivre et une intéressante réflexion sur les a priori...