En flânant au milieu de la quarantaine d’œuvres d’art dispersées dans le parc à la lisière de la forêt, je me rends compte que j'ai déjà vu plusieurs fois des sculptures de lui (notamment lors de l'inoubliable journée : Naoshima : just a perfect day sur l'île de l'art moderne) mais sans intégrer son nom.
Kan Yasuda, c'est l'anti "tu regardes mais tu ne touches pas" : pour lui, les visiteurs peuvent interagir avec les œuvres exposées comme si elles faisaient elles-mêmes partie de la nature. Tout comme cette dernière, la sculpture changera en fonction de la météo, de nos pensées, de nos émotions... Le nom de ses productions n'a pas d’importance car elles sont des passeurs, des catalyseurs, mais c’est à nous de faire la démarche d'entrer en relation. Plusieurs d'entre elles sont d'ailleurs intitulées "la clé du rêve"...
Les enfants et les animaux hésitent moins que les adultes à interagir avec ces sculptures faisant partie de leur environnement "naturel". Je cite l'artiste : "Time is not touchable but the sculptures can be touched. Through the sculptures, people touch themselves, while receiving, like children, all the sensations that come from touch."
Il est intéressant de noter qu'il refuse qu'on résume son approche à "c'est normal, il est japonais donc proche de la nature à cause du shinto". Il a une autre vision des choses : l'œuvre est universelle, faite en atelier - parfois même en plusieurs exemplaires - et elle s’adapte à l’endroit où elle sera. Ce n’est pas une immersion mais une fusion avec la nature, une communication en phase avec l’instant.
Moi je suis tellement en phase avec l'environnement que je déguste une glace avec de la confiture aux baies rouges proposée par le Café Arte. La terrasse ombragée est bien agréable et, où que l'on pose les yeux, nature et sculpture se mêlent. Mais quel endroit plein d'émotions !
Et si on nous met en garde régulièrement sur l'île au sujet de la présence d'ours, ce sont plutôt les serpents qui semblent aussi en phase avec la nature environnante si on en croit celui d'environ 1m qui est passé juste devant Marie-Pat' et moi.
Kan Yasuda nous poursuivra quelques jours puisque, outre The Secret of the Sky (1996) déjà vue précédemment à la Benesse House à Naoshima, nous croiserons encore cette année les oeuvres Myomu / Key to a Dream (2006) à la gare JR de Sapporo et Ishinki / Shape of Mind (2006) dans la station de métro de Roppongi à Tokyo.
Myomu / Key to a Dream, Sapporo JR Station (Hokkaido) |
Ishinki / Shape of Mind, métro Roppongi (Tokyo) |
Comme partout, la végétation évolue à Bibai au fil des saisons et donc le rapport aux oeuvres également. Je clôture cet article en relayant l'adresse du site officiel pour que vous puissiez voir des clichés pris à d'autres moments de l'année (de nouveau, la neige à Hokkaido change tout) mais aussi au cas où vous feriez un voyage passant par ici car on peut même y faire un stage avec l'artiste : https://www.artepiazza.jp/english/