Me voilà donc de retour à Kyoto. J'ai rencontré ce lundi midi le groupe parti de France le 8 mai et qui vient de me rejoindre après une grosse semaine à Tokyo. J'ai su dès le départ qu'ils étaient bien ces gens-là. Vous savez pourquoi ? On s'était à peine rencontrés qu'on mangeait déjà des glaces ensemble ! ;o)
J'aurais pu vous écrire un énième "Testé pour vous : les glaces au Japon" mais ce n'est pas innocent si j'ai intégré cette dégustation à ce papier. Regardez bien la poudre verte sur la glace : eh oui, c'est du thé. Une bonne introduction à cette cérémonie du thé à laquelle nous allons assister à la Maison En (traduction : lien, rapport).
Si vous vous demandez ce que cette petite feuille verte vient faire là, je vous éclaire de suite à son sujet : le thé japonais est amer mais on ne le sucre pas ; on mange une telle pâtisserie (wagashi) avant de le boire et c'est son goût qui adoucit la boisson.
Après avoir reçu une explication (en anglais) par la Maîtresse de Cérémonie, notamment à propos des grands principes guidant l'art de la préparation du thé et sa philosophie (wa/harmonie, kei/respect, sei/pureté, jaku/sérénité), nous observons studieusement et en silence les différentes étapes de ce rituel esthétique, rigoureux et raffiné.
Si je dis "studieusement", c'est qu'après cette démonstration réalisée par une praticienne expérimentée, nous allons à notre tour nous y coller.
Munis d'un bol à thé (chawan) et d'un fouet de bambou (chasen), nous mélangeons d'un geste efficace la poudre de thé vert (matcha) à l'eau chaude versée dessus, tout ça sous le regard vigilant de la spécialiste.
Pas évident d'arriver à ce résultat aéré et mousseux, j'avoue avoir été aidée par la Maîtresse de Cérémonie. Notre hôte nous apprend ensuite à boire le thé correctement, en positionnant le bol de la manière adéquate et en 3 gorgées et 1/2 avec un petit bruit à la fin. Quand je vous disais que tout cela était savamment ritualisé...
P.S. : En fait, ce n'était pas la première Cérémonie du thé (Chanoyu) ou Voie du thé (Chado ou Sado) à laquelle j'assistais car il existe une maison de thé japonaise... dans mon petit village belge ! En effet, le Musée Royal de Mariemont à Morlanwelz abrite dans ses collections un véritable pavillon de thé confié à Mariemont par la célèbre Ecole Urasenke de Kyoto (la boucle est bouclée !). Et un dimanche par mois, Charles Van Overstyns, chercheur en japanologie formé au Chado depuis 1989 par Maître Nojri Michiko, y accueille les visiteurs désireux de découvrir cet aspect fondamental de la culture traditionnelle. Je m'étais inscrite à une de ces séances en petit comité en mai 2011, avant mon premier voyage au Japon donc. Pour plus d'infos : Le thé à Mariemont.
Tu dis 3 gorgés 1/2 y a une signification à ce nombre précis?
RépondreSupprimerJ'aurai adoré faire une cérémonie du thé a Tokyo... mais le planning était déjà fort rempli et tout faire en 1 voyage est impossible! (t'en sait quelque chose)
Je vais demander à Tadashi, je te tiens au courant... Bizzz
Supprimerlà aussi, j'avais zappé la dernière fois, faute de temps, et de fonds..mais en effet si tu peux participer en faisant ton thé, c'est sympa.
RépondreSupprimerEt je dois être la seule personne qui adore le thé tel quel, et délaisse le wagashi :)
par contre le prochain coup je prévois vraiment le budget, car je veux tenter le repas végétarien de luxe!
Super ton article !
RépondreSupprimerJe suis aussi déja allée à Mariemont et ai vu ce pavillon. Mais je trouve que vivre l'expérience en live, c'était bien mieux !
Et j'aime nos airs attentifs et appliqués.
Pour répondre à Florian (grand merci à Tadashi) :
RépondreSupprimer- Ce n'est pas toujours 3 gorgées et 1/2, dans certaines écoles on ne fixe pas le nombre.
- Le 1/2 c'est pour faire le petit bruit d'aspiration (un "slurp", quoi) quand tu avales à la fin et qui veut dire que le thé était bon (comme avec les nouilles), parce qu'il est difficile de le faire avec la bouche pleine de thé.
- Pour le 3, c'est un des chiffres impairs favorisés dans le bouddhisme zen. Mais c'est parfois difficile de boire tout en trois gorgées. Toutefois, le 4 doit absolument être évité car il signifie "mort" et, étant un chiffre pair, contient la métaphore de "séparation".
Si c'est pas de la réponse, ça... (re-merci Tadashi)