mardi 15 avril 2025

PLUVIEUSE JOURNEE A LA DECOUVERTE DES TRESORS CLASSES D'HIRAIZUMI

Après avoir passé pas mal de temps au 17e siècle ces derniers jours, on quitte Sendai et on progresse plus vers le nord dans la région du Tohoku (située au nord-est de l'île principale de Honshu) mais on remonte dans le temps vers le 12e siècle. Vous suivez ? Destination du jour : la ville d'Hiraizumi (平泉町) dans les montagnes de la préfecture d'Iwate.


La pluie ne nous lâche pas mais on ne se laisse pas abattre. On empoigne nos parapluies pour la première visite : Takkoku no Iwaya, une construction à flanc de colline dans une grotte agrandie lors de la fondation du temple et soutenue par d'énormes piliers de bois, comme le Kiyomizu-dera à Kyoto (mais lui à une autre échelle).




Les ema (plaquettes de bois sur lesquelles on inscrit ses souhaits)
sur la petite île sont illustrées d'un serpent blanc mais sinon 
le temple principal protège plutôt les natifs de l'année du Tigre

Je pensais que c'était religieux mais c'est juste pour ne pas
que les branches cassent avec le poids de la neige


La deuxième visite du jour nous emmène non loin de là au Motsuji, construit sur le modèle du Byodo-in (sauf qu'à Uji on est sur un axe Est - Ouest lié à Amida alors qu'ici on a un axe Nord - Sud). Les temples et autres bâtiments n'ont pas survécu au temps mais on peut en voir des illustrations sur le site officiel. Seuls les jardins du temple (Jardin du Paradis, en référence au Paradis de la Terre Pure, une des écoles importantes du Bouddhisme) ont subsisté, centrés sur l'étang. Contourner cet étang permet d’apprécier différents points de vue, d'observer les reflets de la nature (et à l'époque des pavillons) sur la surface de l’eau et de méditer, notamment du côté du yarimizu, petit ruisseau sinueux le long duquel les poètes aimaient se plonger dans leurs rêveries afin de puiser l'inspiration.










Sur le trajet, Francis nous a raconté un peu l'histoire locale du 12e siècle, une époque où l’empereur était encore le personnage le plus important et où c’était la noblesse de cour qui gérait les affaires de l’Etat (en l'occurence ici : la famille Fujiwara). A l'époque, Hiraizumi est la capitale des terres du clan des Fujiwara du Nord (surnommés les "Rois du Nord", ça me rappelle Game of Thrones) et rivalise avec Kyoto, faisant même de l’ombre au pouvoir en place. 

Un des personnages de l'histoire qui nous intéresse s'appelle Minamoto no Yoshitsune. Il est ici représenté par Yoshitoshi (le dernier grand maître de l’estampe du 19e siècle, dans sa série Cent aspects de la Lune) au moment où il combat Benkei (yamabushi, moine défroqué armé qui était employé par des moins riches ou des temples pour se protéger durant les conflits civils) avant de devenir son ami.

Estampe du duel de Benkei et Yoshitsune sur le pont Gojō, Tsukioka Yoshitoshi

Yoshitsune donc s’était réfugié à Hiraizumi suite à un conflit et était censé être sous la protection des Fujiwara du Nord. Quand le pouvoir exige que lui soit livré Yoshitsune, ce dernier se réfugie dans un château où il tue sa famille avant de se suicider (il est communément admis que son fidèle Benkei a organisé une défense désespérée pour donner le temps à Yoshitsune de se donner la mort par seppuku).

Malgré leur collaboration (ils étaient prêts à le livrer), les Fujiwara du Nord perdirent la confiance du pouvoir en place et cet épisode signa leur fin. Les quatre derniers de la lignée reposent aujourd'hui à Hiraizumi au Temple Chusonji, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, dans son pavillon d'or (Konjikido). Ce sera notre dernière visite de la journée, après le musée (Sankozo) de ce site historique qui conserve plus de 3000 trésors nationaux et biens culturels importants. 

Photos interdites tant au pavillon d'or qu'au musée ; je ne peux donc que vous renvoyer vers le site officiel et vous partager les quelques dernières photos de la journée.





Francis nous avait prévenus que la météo mélancolique collerait bien avec la journée "grandeur et décadence des Fujiwara du Nord" à la fin du 12e siècle à Hiraizumi.

N'empêche que malgré la pause au sec pour le très bon et original repas du midi (lire Testé pour vous : wanko soba de Hiraizumi), certains co-voyageurs sont trempés et la pluie incessante commence à peser sur le moral. Même à l'hôtel où nous logeons le soir - où un rotenburo (bain extérieur) nous permet de nous prélasser dans l'eau chaude - nous a préparé des teru teru bozu. Ces petites poupées qui ressemblent à de petits fantômes sont faites artisanalement de papier ou de tissu blanc. Elles sont suspendues les jours de pluie et on leur demande (en chantant la comptine associée) de faire revenir le beau temps. C'est une coutume assez ancienne mais apparemment encore utilisée au Japon, notamment la veille d'évènements en extérieur. On verra ce que ça donne pour la suite de notre aventure dans le Tohoku...

Teru teru bozu, sorte d'amulette censée faire revenir le beau temps

PS : En complétant ma documentation pour préparer cet article, j'ai découvert que l'épisode que nous a conté aujourd'hui Francis n'est pas seulement resté dans l'histoire mais aussi dans la culture populaire. Et même jusqu'en Europe vu que le groupe de rap marseillais IAM a sorti en 2013 une chanson intitulée Benkei & Minamoto.

1 commentaire:

  1. Merci Céline pour tes reportages! J´attends avec impatience le suivant😍💚

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