mardi 8 octobre 2013

KYOTO : ROUGE LE FUSHIMI INARI ? SI PEU...


Déjà quand on arrive via les rues latérales, on ne peut louper qu'on approche de l'entrée du sanctuaire shintoïste Fushimi Inari : un premier torii vermillon vient nous cueillir entre les commerces. Ce type de portail sépare traditionnellement le sacré du profane, le monde spirituel du monde physique. 

Comme le nom du sanctuaire l'indique, c'est Inari qui est ici vénérée, déesse de l'agriculture et surtout du riz, base de toute richesse en Asie. Bien que, avec le temps, les choses ont évolué et c'est pour demander la prospérité de leur business en général que les Japonais lui rendent visite. Enfin... On ne lui rend pas vraiment visite à elle directement car la déesse se fait discrète. C'est son messager Kitsune le renard que l'on rencontre un peu partout. Afin d'obtenir son assistance, les humains lui offrent des statues de pierre à son effigie. Et il monte la garde dès la porte d'entrée.






Sur cette colline qui  constitue le sanctuaire principal de tous ceux dédiés à Inari, ce n'est pas un, ni dix, ni mille torii que l'on découvre...

"Rouge ! Rouge ! Rouge ! Dix mille portiques vermillons (torii), placés les uns à côté des autres, serpentent sur quatre kilomètres dans la montagne. Ils sont dédiés à la fortune. Comme un gosse, on a envie de courir à toute allure dans ce couloir étonnant pour voir ce qu'il y a tout au bout. Mais après quelques centaines de mètres, essoufflé, étourdi par la couleur rouge, on ralentit l'allure car... le chemin est le voyage." C'est par cette réflexion philosophique qu'Eve Calingaert nous introduit le Fushimi Inari dans "Kyoto. Avant-goût", paru aux Editions Tandem. Et elle enchaîne : "Pourquoi s'agite-t-on ? Alors qu'ici, soudain, tout semble simple, clair, facile. Il n'y a qu'à boire un bol de thé en regardant les bambous sous la brise. Et l'on descend de la montagne plus riche qu'à l'aller."

Bien entendu, il y a les imposants dix mille portiques juxtaposés qui créent des tunnels serpentant sur le Mont Inari. Mais il est vrai qu'il y a également de nombreux détails à observer autour de nous, notamment le fait qu'ici les ema (plaquettes de bois sur lesquelles on inscrit ses souhaits) prennent la forme de la tête du renard Kitsune ou de minuscules torii.









Dans le bas de la montagne, on trouve plusieurs autels fréquentés par les Japonais venus prier et des maisons de thé dans lesquelles les touristes s'arrêtent un moment pour se poser et méditer en regardant l'environnement aux alentours.

Les visiteurs sont par contre moins nombreux à s'aventurer plus haut (que le point rouge sur la carte ci-dessous) afin de parcourir la boucle qui grimpe jusqu'au sommet. En bons marcheurs convaincus (on revient quand même de la randonnée sur l'île de Shikoku !), Pierre-Alain - qui étudie le japonais depuis plusieurs mois à Kyoto - et moi-même n'hésitons pas un instant à poursuivre le chemin.








Et on apprécie d'autant plus le tour que peu de gens l'effectuent. La balade au coeur de la nature est donc plaisante, calme, bordée de drôles de fontaines dont celle-ci en forme de sabre (oh une photo sans rouge orangé !) et... plus courte qu'on ne s'imagine. Parfois les plans japonais et leurs dessins pas toujours à l'échelle sont trompeurs.

Nous voici donc au sommet assez rapidement. Je pose pour la gloire, on fait un tour des lieux (il y a de ces empilements de petits torii sur certains autels : on se demande si le typhon en approche ne va pas les envoyer valser dans les airs) et on entame bientôt notre descente.








Alors que nous nous approchons du bas de la montagne, nous entendons soudain parler français : nous croisons une autre partie de l'équipe de Shikoku 3 également venue à la découverte du Fushimi Inari.




Et comme vous l'aurez peut-être remarqué, dans la descente on se retrouve face au côté des torii où se situent les écritures. La littéraire que je suis apprécie cette différence et observe avec plaisir tout ce qui l'entoure. Même si je pense que c'est plus joli quand on ne comprend pas ce qui est écrit : tous ces portiques vermillons sont des dons à la déesse Inari effectués par des particuliers, des familles et des entreprises, et les écritures qui figurent sur les montants sont en réalité leurs noms et messages.

Allez, encore quelques photos pour la route, dans la section avec des lanternes. En espérant que le lecteur aura survécu jusqu'à la fin de ce billet sans overdose de rouge... ;o)



1 commentaire:

  1. Juste sublime... et si poétique !
    Je ne me lasse pas du rouge et j'ai grimpé ces marches, parcouru ce chemin entre les Torii, serpenté de-ci, de-là...
    J'en suis toute essoufflée mais suis partante pour d'autres balades japonaises !
    Merci.
    Tatieva

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