Je vis dans une bulle, au milieu d'une ville,
Parfois mon coeur est gris, et derrière la fenêtre,
Je sens tomber l'ennui sur les visages blêmes
Et sous les pas pesants que traînent les passants...
Alors du fond de moi se lève un vent du large
Aussi fort que l'orage, aussi doux qu'un amour
Et l'océan m'appelle...
Oui, depuis qu'on a repris la route et mis le cap à l'est pour plus de 200 km vers l’Océan Pacifique, j'ai cette chanson en tête que mes fidèles lecteurs québécois auront reconnue : Je voudrais voir la mer, de Michel Rivard.
Mais minute papillon, pas si vite ! Reprenons le récit dans l'ordre chronologique. Nous savions que nous avions tous une chambre avec vue sur l'eau mais nous sommes arrivés entre chien et loup. J'adore cette expression pour désigner le crépuscule, quand on commence à ne plus bien discerner les choses et donc notamment que peuvent se confondre les chiens et les loups... bien qu'ici ce sont plutôt des ours que des loups, nous y reviendrons. Bref, je m'égare : je voulais juste dire que notre premier aperçu de l'océan fut bref car la nuit tombait et que nous étions quelques-uns à vouloir filer au onsen pour profiter des bienfaits de l'eau chaude (avec ce petit plus qu'un des bains était en extérieur) avant le repas à 19h.
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La nuit tombe sur l'océan... |
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... et on espère tous qu'au réveil le soleil sera de retour |
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L'entrée des bains pour les femmes (photos interdites à l'intérieur) |
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L'entrée des bains pour les hommes (que nous entendions par-dessus le mur) |
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Un délicieux buffet axé sur le poisson |
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Avec des sushis faits à la minute devant nous |
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Et ma vitale portion de fruits (qui a dit "et de glace" ?) |
Je ne vous fais pas de "Testé pour vous" sur le
ryokan car ce serait mentir : je commence à avoir l'habitude de ce type de logement traditionnel japonais. Et puis je vous avais déjà écrit des papiers à ce sujet notamment
en 2013 à Kochi (Shikoku),
en 2014 à Kurashiki et encore dernièrement
en 2023 à Hokkaido.
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Ce n'est pas souvent que nos chambres sont ainsi identifiées |
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A notre arrivée, on sent déjà que la vue sera extraordinaire au réveil |
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Avant le repas : il n'y a que la table au centre de la chambre |
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Et quand on revient du repas : le futon a été installé |
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Et la table reléguée dans un coin (notez les chaises au niveau du sol !) |
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C'est peut-être un détail pour vous mais enfin une salle de bain avec de l'espace |
Si vous observez les photos, vous verrez que le personnel du Jodogahama Park Hotel avait fermé tentures et rideaux au moment de préparer ma chambre pour la nuit mais j'avais tout rouvert afin d'être réveillée par la lumière du matin. Et quelle ne fut pas ma surprise au moment d'ouvrir les yeux de découvrir un magnifique lever de soleil sur les eaux scintillantes. Il était tôt mais je me suis tranquillement fait un thé et j'ai profité du moment présent.
Après un moment de rêverie matinale, je me remets au travail car le blog et le carnet de bord ne vont pas se faire d'un claquement de doigts. Mais bon, il y a pire comme bureau...
Après le petit déjeuner (départ tardif volontaire pour laisser un temps libre dans ce cadre enchanteur), je pars profiter des paysages incroyables et prendre quelques clichés.
Je ne descends pas jusqu'au niveau de l'eau car je sais qu'on va le faire en car en partant prendre le bateau. A noter que dans Jodogahama, on retrouve le "jodo" comme dans Jodo shu, l'école de la Terre Pure du bouddhisme japonais. Ce serait donc la "plage pure", un petit paradis qui a malheureusement été fort touché par le tsunami en mars 2011.
Oui oui, même en bord de mer j'arrive à dénicher des tampons pour mon carnet de bord. Ceux-ci indiquent que nous nous trouvons à la Plage de Jodogahama dans le Parc national de Sanriku Fukko. Le mot "fukko" désigne l’action de remettre en l’état cette nature meurtrie pour la transmettre dans les meilleures conditions aux suivants. Ce parc national qui s'étale sur 600 kilomètres a été créé pour contribuer à la revitalisation de la région de Sanriku, une portion de la côte pacifique englobant partiellement les préfectures d’Aomori, d’Iwate et de Miyagi dans le Tohoku, cette région nord-est de l'île principale du Japon Honshu.
Notre hôtel surplombant la mer se trouvait à Miyako (宮古市), la ville la plus à l'est de Honshu, et nous allons aujourd'hui remonter cette côte pacifique du Japon en nous arrêtant à différents endroits qui valent le détour. A commencer donc par un tour en bateau pour mieux observer les merveilles de cette nature depuis la mer.
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Notre bateau... vert ;-) |
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Gaffe aux ours ! 🐻 |
Si vous êtes attentifs, vous verrez une bouée rouge accrochée à la falaise sur la photo suivante : c'est la hauteur qu'a atteint la vague du 11 mars 2011. Miyako a été sévèrement touchée par le tsunami consécutif au séisme, avec des pics de vagues jusqu'à 38 mètres de haut.
Nous longeons donc cette belle côte parsemée de criques et récifs rocheux et nous nous arrêtons à plusieurs points de vue. Premier stop : les rochers de Sanno (qui sont censés figurer "monsieur, madame et un tambour", mais ce n'est pas flagrant...).
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Attention aux ours 🐻 |
Des panneaux un peu partout nous signalent la présence d'ours dans le Parc national de Sanriku Fukko mais nous n'en croiserons pas. De toute façon, Emiko rappelle à certains d'entre nous que nous avons suivi une petite formation à Hokkaido en 2023 et que nous avons un "permis ours" témoignant qu'on nous a expliqué comment gérer une telle rencontre. Si vous êtes curieux, (re)lisez à ce sujet
Hokkaido : la femme qui a vu l'ours, c'est moi !
Nous nous arrêtons en chemin à hauteur du village de Tanohata pour déguster un bon ramen agrémenté d'algues wakame. C'est pas sur une aire d'autoroute belge qu'on aurait un tel menu ! Notez également que cette aire prévoit un service de réparation pour les randonneurs à vélo.
Bien rassasiés (il faut dire que j'ai ajouté au menu une glace avec de la confiture de fraises et un melon soda), nous reprenons la route côtière jusqu'à un autre endroit à voir dans ce parc national : les falaises Kitayamazaki.
Nous aurons ainsi longé la majestueuse côte pacifique du Japon sur près de 200 kilomètres. Mais il faut bien se résoudre à un moment donné à reprendre nos visites d'autres coins de cette belle région du Tohoku jusqu'à présent préservée du tourisme de masse.
Nous mettons alors cap à l'ouest et entrons dans les terres pour 3h de route vers Oirase (おいらせ町). Nous ne quittons pas la nature vu que nous arrivons dans une forêt au milieu de laquelle coule une rivière jusqu’au lac Towada. Notre logement Oirase Keiryu Hotel à Towada (十和田市, préfecture d'Aomori) est situé dans les gorges d'Oirase et le onsen donne sur la rivière : la soirée s'annonce bonne.
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C'est juste dommage que les arbres ne soient pas encore verts... |
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... mais l'hiver tarde encore clairement à quitter ces contrées (oui, c'est de la neige dans le parc autour de l'hôtel) |
PS : La récolte de tampons fut bonne ce jour sur la côte pacifique !