mercredi 20 juillet 2011

KAMAKURA : LE GRAND BOUDDHA, LE TYPHON ET MOI

Ce matin, rendez-vous sous l'horloge à la gare de Shinagawa : Kenji nous fait grimper dans le bon train et la sympathique guide nous récupère à l'arrivée à Kamakura... sous la pluie qui tombe quasiment sans discontinuer depuis que le typhon est dans le coin. Je pourrais croire que la traditionnelle drache nationale m'a poursuivie jusqu'ici mais le 21 juillet (fête nationale belge) n'est que demain. Qu'à cela ne tienne, nous nous lançons à l'assaut du premier temple zen de la journée, le Engaku-ji (fondé en 1282).
















Après avoir rendu visite au dragon qui nous observait du plafond du bâtiment principal, nous nous baladons parmi les nombreuses annexes et grimpons même les nombreuses marches pour voir la vieille cloche de 1301 (un jeu d'enfant moi pour qui me suis entraînée en escaladant la butte du lion de Waterloo avant de partir au Japon, n'est-ce pas papa ?). En fait, c'est super agréable de voir ces lieux habituellement très prisés sans personne à cause de la pluie. J'en viendrais presque (je dis bien presque !) à apprécier ce typhon. Encore un petit tour près de l'étang et nous prenons le chemin du plus vieux temple zen du Japon, le Kencho-ji (fondé en 1249). On peut notamment y voir un Bouddha squelettique (représentant l'ascétisme) offert par le Pakistan au Japon et un autre jardin aux arbres aux troncs tordus.

















Direction ensuite le Tsurugaoka Hachiman-gu, le plus important sanctuaire shintoïste de Kamakura. Après une balade en ces lieux, nous avalons un plateau de tempura (friture à basses calories - ici de grosses crevettes et de légumes - populaire au Japon depuis le XVIIe siècle) et reprenons notre balade au cours de laquelle nous croisons... une boutique Leonidas !

















Nous prenons un train local pour nous rapprocher du site du célèbre Grand Bouddha où la guide nous donne du temps libre après une nouvelle explication historico-culturelle. Ce bronze d'Amida Buddha est la 2e plus haute statue de ce type du Japon avec ses 13,35 mètres (la plus haute mesure 15 mètres et je vous l'ai présentée dans cet article : Nara : ses temples et ses daims en liberté). La statue a été moulée en 1252 et était à l'origine située dans un grand hall... qui fut balayé par un tsunami à la fin du XVe siècle. Depuis lors, le Bouddha est à l'air libre. J'ai pu pénétrer dedans mais rien de spécial à voir sinon la technique de construction en plusieurs étages. Remarquez aussi ma photo historique : personne devant le Grand Bouddha alors que l'endroit est habituellement noir de monde ! Le passage du typhon a freiné les visiteurs, même Japonais... Il n'y avait que nous pour braver les éléments et continuer, armés de parapluies quand le vent nous permettait de les garder ouverts, notre aventure Autrement le Japon malgré la pluie.























Kamakura fut le centre politique du Japon de 1185 à 1333 (période appelée "l'ère Kamakura"). Aujourd'hui, elle est surtout une ville balnéaire (voir la plage que l'on aperçoit ci-dessous sur une photo prise depuis la montagne) et touristique car elle regorge de temples et trésors nationaux, outre le Grand Bouddha. Nous terminons notre journée par un tour du côté de Hase-dera. Pour ne pas lasser le lecteur avec une enième photo de temple, je vous montre ce qui m'a marquée ici : la grotte, un autre beau jardin dont les fleurs colorées tranchaient avec le gris du ciel et une statue avec une bonne bouille.


TESTE POUR VOUS : TYPHON ET TREMBLEMENTS DE TERRE

Après la catastrophe du mois de mars au Japon, on a beaucoup revu en Europe "La Grande Vague de Kanagawa" (1831), la première des estampes composant les "Trente-six vues du Mont Fuji" d'Hokusai, comme symbole du Japon se faisant rappeler à l'ordre par la nature. Et les informations alarmantes ont déferlé dans les médias francophones. Nombreux ont alors été les voyageurs à annuler leur périple au pays du soleil levant, soit parce qu'ils avaient peur eux-mêmes, soit à cause de la pression familiale guidée par la panique médiatique. Loin de nier une réalité certaine (il est difficile de prévoir aujourd'hui les effets sur la santé des problèmes de la centrale de Fukushima), je voulais par ces quelques mots vous faire part de mon impression après presque trois semaines sur place.


Franchement, à Tokyo comme à Kyoto, on aurait du mal à deviner que le pays a vécu de telles secousses, un tsunami, etc. si on n'en avait pas tellement entendu parler. Il y a bien des feux d'artifice d'été qui sont annulés pour plutôt investir l'argent dans l'aide aux sinistrés mais la vie de tous les jours a repris normalement et la plupart des constructions qui ont souffert ont déjà été remises en état (je ne parle pas des régions ravagées par le tsunami mais bien de celles que j'ai visitées). Les coupures d'électricité en vue d'économiser sont déjà de l'histoire ancienne pour de nombreux lieux. Les grandes publicités sont rallumées aux carrefours symboliques (tel que Shibuya) et, si on ne me l'avait pas fait remarquer, je n'aurais jamais vu qu'un seul lampadaire sur deux était allumé dans mon quartier. L'unique endroit où ce fut marquant pour moi, c'est au musée des sciences de Ueno où trois salles étaient fermées "to save electricity".


Et sinon oui j'ai senti trois tremblements de terre d'importante magnitude durant mon séjour mais ils n'étaient pas centrés sur Tokyo et ça a juste alimenté nos conversations du jour. Et oui j'ai aussi vécu le passage d'un typhon pas loin (on en a surtout subi les fortes pluies et trois jours de mauvaise visibilité découlant de la présence basse des nuages) et je râle sur lui car il m'a bouché la vue sur le Mont Fuji quand j'y étais. Mais c'est normal ici. Comme l'exprime très bien notre guide Kenji : "Vivre au Japon, c'est vivre avec la nature". Alors je voulais juste rassurer ceux qui hésiteraient à franchir le cap de l'achat du billet d'avion vers le Japon : il peut nous arriver quelque chose n'importe où, à n'importe quel moment et à tout âge. La vie est ainsi faite et ceux qui connaissent mon histoire personnelle n'ignorent pas que j'en sais quelque chose. Si on a peur de tout, on ne vit plus rien. Ce n'est pas plus risqué ici qu'ailleurs. Lancez-vous dans l'aventure, ça en vaut vraiment la peine ! :o)