samedi 10 mai 2014

SHIKOKU : CALLIGRAPHIES 65 A 75 - EDITIONS SPECIALES 2014

Pour rappel, Shikoku signifie 4 (shi) pays (koku) car l'île est divisée en 4 régions sur lesquelles sont répartis les 88 temples du pèlerinage. Si on ajoute le Temple n° 0 (To-ji, à Kyoto) et le Mont Koya que les pèlerins visitent quand le tour est terminé, ça nous fait 90. Et moi j'ai à ce jour exactement 45 calligraphies.

Nous récoltons en effet une calligraphie sur notre cahier (noukyouchou ou nokyocho) à chaque étape, telles des bornes marquant notre progression dans l'aventure au fil des 4 préfectures :

1 - Tokushima (anciennement Province de Awa) : voir Shikoku : Mes 12 premières calligraphies (octobre 2012) + ci-dessous pour le n° 66

2 - Kochi (anciennement Province de Tosa) : voir Shikoku : Calligraphies 27 à 36 (mai 2013)

3 - Ehime (anciennement Province de Iyo) : voir Shikoku : Calligraphies 44 à 53 (octobre 2013)

4 - Kagawa (anciennement Province de Sanuki) : voir ci-dessous (mai 2014)


En observant ces clichés, voyez-vous en quoi les calligraphies récoltées en 2014 diffèrent des précédentes ?

Temple n° 65 (Sankaku-ji)
Temple n° 66 (Unpen-ji)
Temple n° 67 (Daiko-ji)
Temple n° 68 (Jinne-in)
Temple n° 69 (Kan-onji)
Temple n° 70 (Motoyama-ji)
Temple n° 71 (Iyadani-ji)
Temple n° 72 (Mandara-ji)
Temple n° 73 (Shusshaka-ji)
Temple n° 74 (Koyama-ji)
Temple n° 75 (Zentsu-ji)
Deux choses en réalité : le tampon bleu ou vert (en plus des trois rouges que l'on retrouve systématiquement) et le feuillet rouge que l'on reçoit en plus du traditionnel feuillet blanc présentant la principale divinité du lieu. Notez que si vous êtes bien attentif, vous retrouverez le caractère sanscrit imprimé en blanc (sur le papier rouge) dans la calligraphie correspondante.

Il s'agit de deux éléments qui en font des "éditions spéciales" signifiant que j'y suis passée en 2014, année célébrant les 1200 ans du pèlerinage des 88 temples de Shikoku (O-Henro).

Je trouve qu'on sent plus cette fois que certains s'appliquent sur leur calligraphie et que d'autres les tracent nonchalamment à la chaîne. Mais quand même : quel bel art, mêlant peinture et écriture !

SHIKOKU : TEMPLES N° 67 A 70 ET ARBRE DE TOTORO

Une fois passée la partie la plus abrupte de la descente depuis le Temple n° 66, il nous reste un peu de route entre les cultures. L'occasion d'observer les paysans locaux à l'oeuvre.



Oignons
Riz prêt à être replanté
Rizière fraîchement plantée


Enfin, nous parvenons au Temple n° 67 (Daiko-ji), fondé en 822 par Kukai et à l'origine administré conjointement par les sectes bouddhistes Tendai et Shingon, ce qui en faisait un haut lieu d'études religieuses. La plupart des bâtiments ont malheureusement brûlé lors de conflits et le temple principal ne fut reconstruit qu'au début du XVIIe siècle.

Après la calligraphie, nous marquons une pause afin de manger les onigiri (boulettes de riz) offertes par Monsieur Okada chez qui nous avons dormi. Et là, un dessert vraiment le bienvenu nous tombe du ciel - Kukai est vraiment avec nous cette année ! - quand un gentil monsieur nous propose un nouvel osettai (offrande aux marcheurs) : une banane. Miam ! Ca redonne des forces pour la suite...




Onigiri
Les chats japonais mangent-ils du riz ?
Nouvel osettai : banane

En repartant, nous nous attardons auprès de l'énorme camphrier au bas des escaliers qui aurait été planté par Kukai lui-même. Les amateurs d'animés du Studio Ghibli auront sans nul doute reconnu dans ce majestueux trésor de la nature "l'arbre de Totoro", entouré d'un shimenawa (corde constituée de torsades de paille de riz indiquant que cet arbre est sacré). Cette corde délimite le territoire du kami, divinité shinto. Une interprétation du personnage de Totoro serait d'ailleurs qu'il est une manifestation physique de l'esprit qui veille sur les arbres et la forêt.


"Mon voisin Totoro" (Tonari no Totoro) de Hayao Miyazaki, Studio Ghibli, 1988
Les deux suivants - le Temple n° 68 (Jinne-in) et le Temple n° 69 (Kan-onji) - présentent une situation inédite pour nous : ils partagent le même site et sont totalement imbriqués l'un dans l'autre. Quelques bâtiments sont bien attribués à l'un ou l'autre mais, pour le reste, il existe une mise en commun qui va de la porte d'entrée unique jusqu'au bureau de calligraphie où on en récolte deux d'un coup (mais pour le prix de deux quand même, il ne faut pas rêver).







Allez, il reste environ 5 km pour atteindre le dernier temple compris dans nos objectifs de ce mois de mai à Shikoku : aller du n° 65 au n° 75 (pas spécialement dans l'ordre, vu qu'on a débuté au n° 71 pour ensuite revenir plus à l'ouest sur l'île). En fait, peu importe l'ordre de visite des temples. J'ai d'ailleurs découvert que tout un vocabulaire désignait les différentes manières de parcourir Shikoku : "En réalité, on peut effectuer le pèlerinage dans le sens qu'on veut, en une seule fois (toshi uchi) ou en plusieurs fois (kugiri uchi), par préfecture (ikkoku mairi) ou dans un ordre totalement aléatoire." [Source (confirmée par Kenji) : Guide Bleu - Japon, Hachette Tourisme, 2010, p. 529]


Rivière Saita-gawa




C'est ainsi que nous arrivons au Temple n° 70 (Motoyama-ji) où nous récoltons notre dernière calligraphie avant de rentrer à Takamatsu, la capitale de cette Préfecture de Kagawa. Demain, nous quitterons l'île de Shikoku pour poursuivre l'aventure ailleurs au Japon...



Une couleur de murs plutôt rare dans un temple

Etalé devant le bureau de calligraphie, ce chat ne manque pas de câlins

SHIKOKU : DESCENTE DEPUIS LE TEMPLE N° 66

Il y a des moments dans la vie où il faut être réaliste : quand on voit le profil des élévations de notre parcours et qu'on sait qu'on a déjà un peu peiné dans la montée du n° 71, on doit admettre qu'il nous est impossible en un jour de grimper jusqu'au n° 66 et de continuer jusqu'au n° 70. Les retraités japonais qui logeaient avec nous au minshuku avaient ça sur leur programme mais nous n'avons ni leur résistance (physique et mentale), ni leur entraînement. 

Il y a bien un téléphérique mais il se trouve sur l'autre flan de la montagne. Quand Pierre-Alain interroge la famille Okada sur les possibilités qui existent pour nous aider sur une partie de l'ascension (bus, taxi...), le patriarche coupe court à la discussion en annonçant qu'il nous y emmènera à la première heure. Et nous voici donc tous les quatre entassés avec le papy (on ne connaît pas son âge mais il a sur son véhicule l'autocollant que les conducteurs de plus de 75 ans doivent coller) dans sa voiture qui emprunte les voies serpentant sur la montagne et nous dépose presque au sommet avant que sonne 7h du matin.


Avec Monsieur Okada, Christian et Frédéric
Monsieur Okada repart après nous avoir offert des onigiris (boulettes de riz améliorées) pour midi et nous terminons les quelques mètres qui nous restent à parcourir pour finalement atteindre sans souffrir le fameux Temple n° 66 : Unpen-ji. Et le cadeau que nous a fait cet homme en nous déposant là si tôt est double : non seulement nous avons atteint le sommet le plus haut du parcours sans y laisser un poumon mais en plus nous avons la chance de découvrir le site dans le plus grand calme car le téléphérique ne fonctionne pas encore et ceux qui parcourent l'île en auto ne se lèvent pas si tôt. Bref, c'est le sourire aux lèvres que nous entamons cette nouvelle journée ensoleillée sur les hauteurs de Shikoku.



Un temple visiblement consacré à l'aubergine...


Ce temple que l'on dit flotter dans les nuages vu son altitude (927 m) n'est pourtant pas le point culminant de la montagne : on peut monter sur cette statue qu'on aperçoit au-dessus de nous et atteindre les 1000 m.


Vue sur la vallée, du haut de la statue
Arrivée du téléphérique

Le temple vu du haut de la statue
Une magnifique variété d'arbres
Quand nous redescendons de la statue vers le temple, le bureau de calligraphie est ouvert et nous y passons avant d'entamer notre descente de plus de 9 km vers le Temple n° 67.





Cette descente d'un dénivelé d'environ 800 m - vu qu'on ne redescend pas jusqu'au niveau de la mer - est un vrai plaisir : le terrain est praticable, on distingue par endroits la vallée et la mer entre les branches et les azalées donnent ça et là des touches de rouge rosé dans le vert des arbres. Un des plus beaux moments de marche de Shikoku 4.









A suivre : dernière étape de Shikoku épisode 4 (du Temple n° 67 au Temple n° 70).