vendredi 24 mai 2013

SHIGA : CHATEAU D'HIKONE ET JARDIN GENKYU-EN

Nous voici donc à Hikone, toujours dans la Préfecture de Shiga, où se dresse un château sur le chemin de Nakasendo. Durant d'Epoque Edo, cinq routes majeures partaient en fait de la ville d'Edo (l'actuelle Tokyo) : la Tokaido rejoignant Kyoto en suivant la côte, la Nakasendo rejoignant Kyoto à travers les montagnes, la Koshu Kaido rejoignant Kofu, la Oshu Kaido rejoignant divers lieux au nord du Japon, notamment Shirakawa, et enfin la Nikko Kaido rejoignant - comme son nom l'indique - Nikko. 



Pour moi qui n'avais jamais visité de château (jo en japonais) avant mai 2013, Hikone-jo est mon 3e en quelques semaines après Kochi-jo (voir : Château de Kochi : ses remparts, son donjon) sur l'île de Shikoku et Nijo-jo (voir : Kyoto : le Château Nijo et ses magnifiques jardins). Dès l'entrée, nous retrouvons Hikonyan, la mascotte officielle de la ville, créée en 2007 afin de célébrer le 400e anniversaire du château. Et nous apprenons que ce chat au casque de samouraï sera présent à la Japan Expo à Paris début juillet 2013 ! (information confirmée sur le : site de la JE 2013)






Nous passons un premier rempart et commençons à grimper doucement en spirale vers le château achevé en 1622 après une vingtaine d'années de travaux. On doit le charme du site historique au bâtiment principal bien sûr mais aussi aux différentes tours, au double réseau de douves ainsi qu'à la nature qui se joue des murs de pierres pour pénétrer les lieux. Nous passons sous Roka-bashi, le pont corridor en bois qui pouvait aisément être détruit en cas d'attaque pour éviter que l'ennemi ne circule trop facilement.




Nous entrons par la porte de la tour Taiko-mon protégeant l'entrée principale et atteignons la petite plaine où se dresse le donjon. On dit qu'il a d'abord été édifié pour faire partie du Château d'Otsu mais qu'il a été transféré à Hikone par le clan Ii. Bâti à l’apogée de la construction des châteaux au Japon, ce bon exemple d’architecture défensive a échappé à la phase de destruction/reconstruction qu'ont subi tant d'autres sites durant l'Ere Meiji. Il subsiste donc comme l'un des plus anciens châteaux originaux construits dans ce pays et est d'ailleurs classé trésor national japonais depuis 1952.



Il n'est pas très grand (21 mètres de haut) mais il est renommé pour sa forme aux proportions parfaites et pour sa fonctionnalité. En plus de leur esthétisme, les pignons escarpés des toits empêchent l'attaquant d'y monter tout comme, à l'intérieur, les escaliers raides le freinent dans sa progression. Différentes sortes d'ouvertures (carrées, triangulaires...) dans les murs étaient prévues pour diverses armes (flèches, armes à feu...). On en dénombre 75 au total.






Comme on le devine sur la photo ci-dessus, la multitude de pignons a permis la réalisation de petites pièces secrètes dissimulées dans les soupentes, très utiles dans la stratégie de défense, notamment pour y cacher des armes. Pour nous, pas d'ennemis à surveiller à l'arrivée au sommet de la tour maîtresse (Tenshu), nous avons donc eu le temps de profiter pleinement de la vue sur la ville et l'immense lac Biwa.





Des dizaines de clichés, une glace et une photo de groupe plus tard, nous nous remettons en route...



Comme le dit très bien ALJ, les murs blancs et les tuiles des toits ressemblant à des envols d’oiseaux vont de pair avec son magnifique jardin, nommé Genkyu-en. Nous retraversons donc les douves intérieures afin de nous rendre dans ce jardin dont la réalisation fut initiée en 1677. Non sans saluer au passage un cygne bien installé (clin d'oeil au membre du groupe qui a dit "oh, regardez, une oie !" en traversant le pont).




Tadashi nous avait dit que ce jardin en valait la peine et il ne nous a pas menti. Quatre petites îles sont disséminées dans un étang imposant, la nature se reflète à la surface de l'eau, le soleil sublime les couleurs des végétaux et on aperçoit toujours en arrière-plan le Château d'Hikone. Des maisons de thé et de charmants ponts complètent le paysage. C'est vraiment magnifique !





Nous flânons un bon moment dans ce jardin et croisons même un couple de jeunes mariés en pleine séance photos. C'est ainsi que s'achève cette longue et très belle journée de visites dans la Préfecture de Shiga. Le soleil décline et un train local nous ramène vers Kyoto...

 

SHIGA : RETOUR A L'EPOQUE EDO

Après une petit pause sucrée pour reprendre des forces (lire : Testé pour vous : une pâtisserie Club Harie), nous retrouvons les agréables douves de Omihachiman afin de nous rendre dans un autre quartier. En chemin, nous visitons l’intérieur d’une ancienne maison conservée dans l'état qu'elle avait au XVIIe siècle pour mieux appréhender la vie de l’Epoque Edo (1603-1868).






Le petit rectangle découpé dans les tatamis est l'endroit où on faisait le feu. Notez la hauteur de la barrière (au moins 10 cm !) : en Europe les visiteurs auraient vite fait de l'enjamber pour aller voir les choses de plus près mais au Japon on respecte les règles, ce qui permet une muséologie avec des contraintes moindres pour veiller à la préservation.

Ce qui a particulièrement touché la littéraire que je suis, ce sont les vieux livres exposés, notamment les cahiers de comptes des commerçants de l'époque. Quand on voit les dates (1846, 1765, 1688...), je suis très impressionnée de me retrouver face à de tels documents historiques.



Nous enchaînons alors avec le musée des archives qui permet de s'imaginer la vie des commerçants de l'Epoque Edo grâce à une multitude d'objets bien conservés. Certains ne nous sont pas inconnus, d'autres demandent un mot d'explication mais Tadashi n'est jamais bien loin pour répondre à nos questions. 

Pour ceux qui s'interrogeraient sur ce que l'attirail du samouraï fait là, c'est juste que je voulais profiter de l'avoir croisée à cet endroit pour mentionner que, avec la pacification qui survient au Japon durant cette période, la fonction combattante des guerriers diminue et de nombreux samouraïs passent alors d'un boulot de fonctionnaires armés (comme nos forces de l'ordre actuelles) à un travail de fonctionnaires administratifs. Eh oui !



Bon ça c'est plus récent comme archives des commerçants du quartier mais, si on replonge à l'Epoque Edo, ça ressemblait à ça :



Cet objet mystérieux était en fait une horloge à encens (on se repérait à la vitesse à laquelle brûlait l'encens). Et ci-dessous, à côté de la moto (tous les objets conservés ne sont pas vraiment classés par époque !), vous pouvez voir un immense tonneau avec une fenêtre : c'est l'ancêtre du sauna :



Après cette curieuse visite, nouvel arrêt (là on commençait vraiment à avoir faim !) pour quelques minutes d'explications historiques devant la statue d'un Américain polyvalent qui a marqué la région : William Merrell Vories. Arrivé au Japon en 1905, il fut professeur d'anglais dans la première école commerciale du pays. Ensuite, il devint architecte et fut à l'origine du design de pas moins de 1600 bâtiments dont l'école, la bibliothèque et l'hôpital de la ville font partie. Et enfin, William Merrell Vories est aussi connu pour avoir fait découvrir aux Japonais la crème mentholée Mentholatum (clin d'oeil à mon frérot qui bosse dans le pharmaceutique et qui connaît peut-être ce produit datant du XIXe siècle et encore commercialisé aujourd'hui). Un sacré businessman en tout cas !


Cette fois, l'heure du repas est vraiment arrivée. Autrement le Japon (ALJ) nous avait commandé un curry local afin que nous goûtions au boeuf de Omi, une viande réputée au Japon. 



Petit passage par l'office du tourisme où sont exposées des photos de tournages ayant eu lieu dans la cité (je vous en parlais dans : Shiga : Omihachiman et lac Biwa) mais nous n'avons pas de temps à perdre car nous devons reprendre le train afin de rejoindre notre destination de l'après-midi, toujours au bord du lac Biwa : le Château d'Hikone. Tadashi nous fait découvrir au passage Hikonyan, la mascotte officielle de cette autre ville de la Préfecture de Shiga.



La suite du récit de la journée dans le papier : Shiga : Château d'Hikone et jardin Genkyu-en.

TESTE POUR VOUS : UNE PATISSERIE CLUB HARIE

On l'avait déjà repérée en allant vers le téléphérique (lire : Shiga : Omihachiman et lac Biwa) et en plus Tadashi ne nous en a dit que du bien. C'est vous dire si on avait envie de tester les créations culinaires de la pâtisserie Club Harie située au pied du Mont Hachiman. Avec en tête du groupe, les 2 plus gourmands : Rémi et... moi, bien sûr ! ;o)



Club Harie, c'est un ensemble d'établissements répartis dans différents endroits du pays. Les premiers ont vu le jour dans les années 50 et les chefs pâtissiers s'inspirent largement des traditions occidentales dans leurs recettes. Ils ont leur spécialité (Baumkuchen) et puis bien d'autres variétés de petits trésors sucrés et fruités. Quelle pause sympathique avant de reprendre nos visites à Shiga : Retour à l'Epoque Edo. Le choix fut complexe mais nous avons opté pour différents assortiments que nous avons emmenés jusqu'à un coin ombragé pas bien éloigné (notez que le couvercle de la boîte en carton est équipé d'une poche de glace pour ceux qui arrivent à résister et transportent leurs pâtisseries plus loin que nous). La dégustation nous a pleinement comblés ! :o)



 

Le site officiel : Club Harie (c'est en japonais mais on peut y voir d'autres images et la fabrication du Baumkuchen). C'est le genre de lieux qui participent au World Pastry Team Championship (voir par exemple : vidéo WPTC 2010) et qui gagnent des prix, ça vous donne une idée... 

SHIGA : OMIHACHIMAN ET LAC BIWA

Ce matin, nous avons rendez-vous tôt à la gare de Kyoto avec Tadashi car nous partons pour la préfecture voisine : Shiga. Première halte : Omihachiman. Classé au Japon parmi les "Cent sites à visiter dans sa vie", ce quartier constituait une ville attenante au château entre 1585 et 1595. Nous circulons dans les petites rues et arrivons aux douves, nommées Hachiman-bori. Tadashi nous apprend que ce coin a été utilisé à de nombreuses reprises pour le tournage de films historiques du fait de son aspect romanesque. C'est en effet un très bel endroit pour commencer la balade de ce vendredi matin.




L'une des spécialités historiques de ce quartier est la fabrication de tuiles et nous allons en apprendre davantage grâce à la visite du musée local dédié à ce sujet (Museum of Roof Tiles). Ces tuiles fabriquées à la main ont dès le début été adaptées au climat (températures, typhons, etc.) et au style de vie du Japon et leur forme n'a presque pas évolué durant des siècles. Le musée en explique la conception grâce à des vidéos, maquettes 3D, images, etc. mais présente aussi des pièces anciennes et/ou très originales. Une autre section bien intéressante également compare les tuiles produites ici avec celles d'autres régions du monde.




Omihachiman devint un gros centre de production artisanale de tuiles car on trouvait de l'argile de bonne qualité en abondance dans les environs mais aussi pour deux autres raisons. La première est que les habitants - notamment des commerçants - ont vite compris que les toits fabriqués de la sorte étaient bien plus solides et résistants au feu que ceux faits de chaume. Et si les tuiles servaient initialement surtout aux temples et sanctuaires, une demande en tuiles plus légères et aux prix plus abordables a progressivement été suivie par les artisans qui se sont mis à en produire pour les toits des bâtiments privés. L'autre raison qui a permis cet essor de Omihachiman comme centre incontesté de la production est le réseau de douves et canaux qui permettait de transporter aisément sur l'eau les lourdes cargaisons de tuiles et qui en a dès lors facilité la commercialisation. 




Après une agréable balade le long des douves, nous arrivons au pied du Mont Hachiman. Nous embarquons dans le petit téléphérique afin de nous rendre au sommet d'où nous aurons une vue panoramique sur la ville et l'immense lac Biwa.




Le lac Biwa (Biwako) constitue la plus grande étendue d'eau douce du Japon et occupe environ 1/6e de la superficie totale de la Préfecture de Shiga, autrefois appelée Omi. C'est donc le plus grand lac du Japon (670 km²) mais aussi l'un des plus anciens du monde. Un vieux proverbe dit "Ceux qui contrôlent Omi contrôlent le Japon", c'est dire si son importance stratégique était grande pour l'économie locale. On en parle d'ailleurs dans de nombreuses oeuvres de la littérature japonaise - en particulier les récits de batailles et la poésie - mais on retrouve également sa trace en peinture, notamment dans la série "The Eight Views of Omi" (voir : le site officiel de la Préfecture de Shiga).





La vue sur le lac et la région est imprenable et la nature est magnifique sous ce soleil de mai. Nous nous baladons encore un moment sur le Mont Hachiman afin d'atteindre un autre point de vue. Nous reprenons ensuite le téléphérique pour redescendre et continuer notre promenade en ville (lire : Shiga : Retour à l'Epoque Edo). Mais avant cela, une pause s'impose dans la célèbre pâtisserie du coin. C'est ce que je vous raconterai dans : Testé pour vous : une pâtisserie Club Harie.