Après un peu de repos, je poursuis le récit de notre long dimanche à Matsuyama. Et avant que Pit ne me le demande, la ville compte environ 515.000 habitants, c'est la capitale de la Préfecture d'Ehime et son nom signifie montagne de pins (et pas de pains (!) comme l'avait par erreur/gourmandise compris une petite Belge que je ne citerai pas...).
Une fois les routes des temples 44 à 53 parcourues, nous avons fait un petit crochet par le Dogo Park et puis - réconfort promis après l'effort - nous nous sommes dirigés vers l'incontournable Dogo Onsen.
On ne pouvait en effet pas passer par Matsuyama sans profiter de l'eau bien chaude de Dogo Onsen, considéré comme le plus ancien établissement de bains publics du Japon. On retrouve des traces historiques de cette source chaude il y a 3000 ans d'ici ! Et si son architecture actuelle vous rappelle quelque chose, ce n'est pas une impression...
Dogo Onsen de nuit (photo ALJ) |
Le Voyage de Chihiro (Studio Ghibli) |
Ce bâtiment très connu des Japonais a effectivement servi d'inspiration lors de la création de l'animé Le Voyage de Chihiro (Sen to Chihiro no kamikakushi) par le célèbre Hayao Miyazaki du Studio Ghibli. Cette œuvre sortie sur les écrans en 2001 a remporté de nombreux prix dont l'Ours d'or du meilleur film à Berlin et l'Oscar du meilleur film d'animation. L'endroit où la jeune Chihiro est obligée de travailler pour Yubaba qui a ensorcelé ses parents, c'est donc un peu là...
Le Voyage de Chihiro (Studio Ghibli) |
Nous pénétrons dans l'actuel bâtiment de bois qui date de 1894 et qui fut classé au patrimoine culturel national en 1994. Nous déposons nos sacs dans des paniers qui sont disposés dans la salle de repos et emmenons le yukata (kimono léger) qui nous est remis vers les vestiaires où nous laissons nos vêtements pour aller profiter du bain. Du côté des femmes, nous rencontrons une très vieille dame qui me prend d'affection, me racontant dans un mélange de japonais et d'anglais qu'elle fut "high school teacher", qu'elle a aussi voyagé, notamment en Europe, qu'elle n'aime pas l'Espagne, que je dois absolument me mettre sous le jet d'eau brûlante pour mes articulations et que j'ai un beau visage. Pfiou, elle n'a pas arrêté ! Le bain est censé être un lieu de relaxation mais elle nous a causé du shampoing jusqu'au retour au vestiaire. Une sympathique rencontre quand même, qui restera dans nos mémoires...
De retour sur les tatamis de la salle de repos (toujous en yukata), nous méditons assis sur nos coussins, en dégustant le thé et les gâteaux qui nous sont offerts dans le forfait d'une heure à 800 yens. J'en profite pour prendre discrètement quelques clichés afin d'essayer de vous faire ressentir l'atmosphère. De la fiction à la réalité... Ou l'inverse.
Le Voyage de Chihiro (Studio Ghibli) |
Mais Chihiro n'est pas le seul personnage de fiction habituellement associé au Dogo Onsen : Botchan, le héros du roman de Natsume Soseki, a ses habitudes dans ce bain public... tout comme son auteur d'ailleurs. Si le poète Masaoka Shiki, père du Haiku moderne, a vécu à Matsuyama (et a d'ailleurs donné son nom au musée de la littérature de cette ville), c'est surtout sur le romancier Natsume Soseki que je m'attarderai dans cet article. Son livre Botchan, publié en 1906, marque le début de la littérature moderne au Japon.
J'ai décidé d'acheter Botchan pour le lire en étant à Shikoku (en anglais car je n'ai trouvé que cette version avant de prendre l'avion) mais aussi d'approfondir mes connaissances, avant mon départ, grâce à la série d'ouvrages Au temps de Botchan (dont la publication a débuté au Japon en 1987 et qui sont par la suite parus en français chez Casterman), que m'a bien gentiment prêtée mon ami Frédéric, très calé en bandes dessinées. En 5 tomes, Jiro Taniguchi (mangaka entre autres connu chez nous pour Quartier lointain, adapté au cinéma par le réalisateur belge Sam Garbarski) et Natsuo Sekikawa évoquent l'ère Meiji, les changements au Japon et la vie littéraire prolifique au début du 20e siècle (moment où Botchan a été écrit par Natsume Soseki, d'où le titre de la série). Je m'emmêle un peu avec le nombre incalculable d'écrivains et hommes politiques importants de l'époque mais cette fresque littéraire constitue une bonne introduction sur le sujet.
Pour en revenir à Botchan, son histoire est celle d'un enseignant tokyoïte fraîchement diplômé qui décroche un job à Matsuyama. C'est donc la confrontation d'un jeune de la ville moderne avec la vie traditionnelle à la campagne sur l'île de Shikoku. Ce récit est basé sur l'expérience personnelle de Natsume Soseki qui a lui même été transféré comme professeur d'anglais dans une école de Matsuyama et qui fréquentait très régulièrement Dogo Onsen, raison pour laquelle il en a fait un lieu central de son ouvrage.
Le roman, lu par presque tous les Japonais durant leur scolarité, est si célèbre qu'il a donné son nom à la moitié de la ville : on a le petit train de Botchan (qui circule sur les rails du tram), le Botchan Stadium (où jouent au baseball les Ehime Mandarin Pirates dont je vous parlais dans : Matsuyama, la ville couleur mandarine), la sucrerie Botchan Dango, l'horloge Botchan, etc. Son auteur Natsume Soseki figurait quant à lui sur le billet de 1000 yens jusqu'en 2004 (voir à ce sujet la page : Banknotes of the Japanese yen).
Après cette agréable visite au Dogo Onsen de Chihiro et Botchan, nous revenons à la réalité de ce dimanche soir à Shikoku. Nous grimpons dans un petit tram (le train de Botchan ne roule malheureusement pas en fin de journée) et rentrons à l'hôtel déposer nos derniers achats sur la thématique de la mandarine (dont un très bon jus à 100 % naturel).
Il nous reste une attraction locale à découvrir : le château de Matsuyama. Et comme le télésiège est fermé à 17h... et bien nous reprenons nos chaussures de marche (au total nous aurons parcouru plus de 20 km depuis le matin) et partons en expédition sur la colline d'où le château surplombe la ville. Une côte de plus ou de moins... ;o)
Ce château n'est pas d'époque (l'original datait de 1603) vu qu'il fut bombardé par les Américains durant la Deuxième Guerre mondiale et partiellement détruit. Il a été progressivement reconstruit à l'identique à partir de 1966. Entre-temps, la nuit est tombée et nous obtenons ainsi une belle dernière vue de la cité illuminée.
J'ai décidé d'acheter Botchan pour le lire en étant à Shikoku (en anglais car je n'ai trouvé que cette version avant de prendre l'avion) mais aussi d'approfondir mes connaissances, avant mon départ, grâce à la série d'ouvrages Au temps de Botchan (dont la publication a débuté au Japon en 1987 et qui sont par la suite parus en français chez Casterman), que m'a bien gentiment prêtée mon ami Frédéric, très calé en bandes dessinées. En 5 tomes, Jiro Taniguchi (mangaka entre autres connu chez nous pour Quartier lointain, adapté au cinéma par le réalisateur belge Sam Garbarski) et Natsuo Sekikawa évoquent l'ère Meiji, les changements au Japon et la vie littéraire prolifique au début du 20e siècle (moment où Botchan a été écrit par Natsume Soseki, d'où le titre de la série). Je m'emmêle un peu avec le nombre incalculable d'écrivains et hommes politiques importants de l'époque mais cette fresque littéraire constitue une bonne introduction sur le sujet.
Pour en revenir à Botchan, son histoire est celle d'un enseignant tokyoïte fraîchement diplômé qui décroche un job à Matsuyama. C'est donc la confrontation d'un jeune de la ville moderne avec la vie traditionnelle à la campagne sur l'île de Shikoku. Ce récit est basé sur l'expérience personnelle de Natsume Soseki qui a lui même été transféré comme professeur d'anglais dans une école de Matsuyama et qui fréquentait très régulièrement Dogo Onsen, raison pour laquelle il en a fait un lieu central de son ouvrage.
Le roman, lu par presque tous les Japonais durant leur scolarité, est si célèbre qu'il a donné son nom à la moitié de la ville : on a le petit train de Botchan (qui circule sur les rails du tram), le Botchan Stadium (où jouent au baseball les Ehime Mandarin Pirates dont je vous parlais dans : Matsuyama, la ville couleur mandarine), la sucrerie Botchan Dango, l'horloge Botchan, etc. Son auteur Natsume Soseki figurait quant à lui sur le billet de 1000 yens jusqu'en 2004 (voir à ce sujet la page : Banknotes of the Japanese yen).
Le petit train Botchan |
L'horloge Botchan |
Il nous reste une attraction locale à découvrir : le château de Matsuyama. Et comme le télésiège est fermé à 17h... et bien nous reprenons nos chaussures de marche (au total nous aurons parcouru plus de 20 km depuis le matin) et partons en expédition sur la colline d'où le château surplombe la ville. Une côte de plus ou de moins... ;o)
Ce château n'est pas d'époque (l'original datait de 1603) vu qu'il fut bombardé par les Américains durant la Deuxième Guerre mondiale et partiellement détruit. Il a été progressivement reconstruit à l'identique à partir de 1966. Entre-temps, la nuit est tombée et nous obtenons ainsi une belle dernière vue de la cité illuminée.
Passionnant. Des souvenirs plein les yeux. Emile
RépondreSupprimerpunaise, j'aime beaucoup ce billet, le onsen typique et le chateau surtout. bref une virée que j'aurais adoré. (en même temps, je retiens, on sait jamais...)
RépondreSupprimermerci encore, j'ai bien voyagé grâce à toi celine !! :)
Merci. J'allais te poser la question...
RépondreSupprimerPit
Un billet très intéressant, suivre votre pèlerinage me passionne. Content de ne pas être le seul à mettre en valeur les hauts lieux du Japon par le biais de la culture pop comme vous l'avez fait entre Dogo Onsen et le voyage de chihiro.
RépondreSupprimerJ'ai hâte de lire la suite de vos aventures!!!
Merci :o)
SupprimerVous dites "pas le seul" car vous avez un site ou un blog également ?